jeudi 27 novembre 2008

GUNS N' ROSES: CHINESE DEMOCRACY


Nul ne peut décrire la frétillante excitation lorsque les radios, un soir d'octobre, déclarent comme un seul homme cette nouvelle: après 17 ans (Ce qui en fait l'album le plus attendu de l'Histoire du rock, comme l'ânnonent les publicités qui, pour une fois, ont raison dans le choix du superlatif. A ce propos une blague a longtemps circulé sur internet: les chinois auront la démocratie avant la sorti du disque...), Chinese Democracy va sortir. De même, nul ne peut décrire la déception qui jaillit de l'écoute de ce monstre, que Philippe Manoeuvre appela il y a peu dans les colonnes de Rock & Folk "La grand pyramide du rock". On ne connaissait pas au Philman des penchants pour la musique FM.

En revanche, on ne saurait reprocher à ce disque sa piste d'ouverture. Un silence à vous glacer les sangs, amplifié par l'écho du riff: puis Axl chante d'une voix nasillarde, Wow! Superbe!
Puis "Shackler's Revenge", intro qui rappelle "Territorial Pissings" de Nirvana par son acidité qui coupe le souffle tout en faisant hériser le poil; Une bonne chanson de hard rock classique. On y a vraiment cru.

Suit "Better", un funk lent (Ce doit être la mode: voir Skies On Fire sur le dernier AC/DC) sympathique, sans plus. On remarque que la qualité de la batterie n'a pas évolué depuis Matt Sorum, un type pas prodigue en breaks, mais qui avait tout de même une pêche d'enfer.
La descente aux enfers continue avec "Street Of Dreams": cette ballade est trop rapide pour être honnête. Et que dire du désarmant, et le mot est faible, "There Was A Time"? Cette chanson limite Hip Hop avec le piano qui tape une note en rythme est grotesque, mais heureusement, s'endurcit au fur et à mesure. "Scraped" s'ouvre sur bruits vocaux sparkesques assez sympathiques, mais n'offre que peu à l'album pourtant cruellement dans le besoin.

Les orchestres étaient-ils vraiment nécessaires? Pour être clair, des gunners sans orchestre, au fond, c'est comme un raton-laveur sans perfecto. D'accord, c'est à ces manoeuvres qu'on doit des titres comme November Rain par le passé, mais bon, ici, faut les chercher, ces orchestres.
Ce semi-échec aura coûté 20 millions de dollars, soit le prix d'un avion F-16. Qui serait plus efficace que cet album décvevant pour libérer l'Empire Du Milieu. La question qui se pose est: pourquoi avoir dépensé autant d'argent? Aux grandes heures, avant la sortie d'Appetite, Axl Rose se batait bec et ongles pour survivre, et là, c'est limite s'il n'achète pas des micros en diamant pour que le son soit plus classe. Blague, mais on recense quand même quatre producteurs, deux chefs d'orchestre, une dizaine de musiciens (dont May de Queen et Navarro des Red Hot, sinistres inconnus) qui se sont impliqués dans ce forfait, et pourquoi pas les Choeurs de l'Armée Rouge, maintenant qu'on y est? L'argent ne peut pas tout acheter, et surtout pas l'art de composer. Encore moins le talent: Richard Fortus, nouvelle coqueluche des fans pas si lésés par le départ calamiteux de Slash, offre des solos boursouflés et indigestes en ayant recourt avec outrance aux divers bends et vibratos pour cacher sa tétraplégie , pratique qui rappelle les pénibles Dragonforce, cet erstatz sans art de Metallica. Autant pour les compos: A part sur la piste-titre, où sont les riffs qui tuent? Les ponts salvateurs? Les couplets magnifiques? Les refrains qui rentrent?
Dans la discographie des Gunners, cet album n'a pas sa place: on parlera d'album solo d'Axl Rose, parce qu'heureusement il a encore sa voix, modulable à l'envi. Un album solo pas désagrable, mais, regardé droit dans les yeux, un feu de paille sans queue ni tête.


Note: **


Chinese Democracy — 4:43
Shackler's Revenge — 3:36
Better — 4:58
Street of Dreams — 4:46
If the World — 4:54
There Was a Time — 6:41
Catcher in the Rye — 5:52
Scraped — 3:30
Riad n' the Bedouins — 4:10
Sorry — 6:14
I.R.S. — 4:28
Madagascar — 5:37
This I Love — 5:34
Prostitute — 6:15

Du même artiste

Vous allez aimer:

-Appetite For Destruction
-Use Your Illusion I
-Use Your Illusion II

A éviter:

-GnR Lies
-The Spaghetti Incident?



Découvrez Guns N' Roses!

KING CRIMSON : IN THE COURT OF THE CRIMSON KING



Si on risque un regard sur les sommets du rock progressif. Disons les reussites reconnues comme telles par des journalistes qui aurait plutôt tendance à denigrer le prog, on fait une curieuse constatation. Il n'existe aucun album de musique progressive reconnu comme un chef d'oeuvre qui rassemble tout les traits de ce genre. Car au fond, les deux premiers albums des Soft Machine n'on jamais eu d'inspirations fantastico-sciencefictionnesque propre à la plupart des groupes de l'époque. Aqualung de Jethro Tull ne contient aucun morceau repoussant les limites de la musique en matière de longueur. Hawkwind tendait plus vers le hard rock (ce que Lemmy confirma en les quittant en 1975...) Quand à Pink Floyd, il est evident que sans que cela affecte en rien la qualité, ses productions restent très attachées à la pop. Il n'existe donc aucun chef d'oeuvre du progressif reconnu par toutes les autorités. Enfin presque aucun. En effet, affirmer une telle chose serait oublier le premier album de King Crimson, sorti en 1969 : In The Court Of The Crimson King. Cinq morceaux d'une longueur oscillant entre 6 et 13 minutes, une pochette et un univers graphique qui n'a rien à envier à Roger Dean. Des paroles lyriques, voir mystiques, et une demonstration de maitrise musicale à faire palir Mozart.


C'est avec l'inoubliable "21st Century Schizoid Man" que s'ouvre l'album. Que le lecteur plein du préjugé "rock progressif = musique douce" s'attende à voir cette affirmation réfutée. C'est sur une voix dechiré et des saxophones saturés que s'ouvre cet morceau presque metallique. Ses paroles, dure paysage de la destruction humaine, finisse d'achever l'auditeur. Oui cher lecteur : on jurerait entendre du Black Sabbath un an avant Paranoid. Le reste de l'album est à l'image de son titre d'ouverture : un sans faute. Chaque morceau est splendide, innovateur, rassemblant à chaque note le meilleur du progressif pour le concentrer en cette musique si mystique qui va accompagner l'auditeur. "In The Court Of The Crimson King" fait parti de ces albums qui font littéralement rêver. Du debut à la fin on ne compte que des morceaux sublimes. On achève avec le titre éponyme "The Court Of The Crimson King". Inoubliable. L'album baigne dans une certaine ambiance, entre contes folklorique et récits mystiques, on ne peut que venir se prosterner à la court du roi pourpre.
En definitive, "In The Court Of The Crimson King" est à placer au panthéon des albums progressifs survivants de la vague punk. A lui seul il semble anéantir touts les efforts de ce mouvement. En regroupant tout ce que de nombreux amateur de musique on pu qualifier de mauvais dans la musique progressive (les morceaux longs, les paroles lyriques, le style vainement m'a tu vu), King Crimson a composer l'incomposable. Un roi pourpre intouchable et immortel, reposant sur son trone de marbre et narguant de haut les punk en leur rappelant qu'ils n'on pas reussi à l'aneantir, et que personne ne le pourra jamais.

Note : *****


Liste des morceaux :


1. 21st Century Schizoid Man (7:21)
2. I Talk to the Wind (6:05)
3. Epitaph (8:47)
4. Moonchild (12:13)
5. The Court of the Crimson King (9:25)


Du même groupe :


Vous allez aimer :

- Red

- Islands
A eviter :

- Lizard
- Beat



Découvrez King Crimson!

vendredi 21 novembre 2008

THE TING TINGS: WE STARTED NOTHING


Quand un garçon et une fille se rencontrent, outre des enfants, ça peut faire beaucoup de choses magnifiques. Entre autres, un groupe, pratique pas mal en vogue ces derniers temps: White Stripes, Kills, Blood Red Shoes, Crystal Castles, Cocoon, The Do, et, donc, les Ting Tings. Ce duo est formé depuis 2006 d'un vieux briscard, Jules DeMartino (batterie), et Katie White (guitare, basse, et voix sensuelle à chatouiller les appendices réticents), qu'on aurait tort de confondre avec Debbie Harry. Ainsi, ces deux joyeux drilles nous pondent "We Started Nothing" en l'an de grâce 2008. Ce disque s'inscrit banalement dans le genre indie pop teinté d'électro. Le synthés sont omniprésents et dégoûtent, par leurs désagréables bruits récurrents ("The Great DJ"). En revanche, un point positif de ce disque est son côté funky qui permettra à beaucoup d'attardés de s'épuiser sur des dancefloors. Un autre souci de cet album est tout simplement cette cette chanteuse, qui a la fâcheuse habitude de sonner comme une nymphomane sur "Fruit Machine", une strip-teaseuse sur "We Walk", ou encore une pute de Camden sur "Shut Up And Let Me Go", le tube creux qui passa maintes fois aux heures tardives sur toute radio rock qui se respecte (ou ne se respecte pas), permettant à de nombreux teens du monde entier de pratiquer le jeu solitaire en toute tranquillité. Génial. De ce CD seront heureusement sauvées That's Not My Name, pop song gentillette et sautillante, et "We Started Nothing", où se croisent pêle-mêle" Rape Me" de Nirvana et "Most Likely You Go Your Way" de Bob Dylan. Pas si minable, au fond, pour un groupe facheune, même si Blur faisait mieux à leur âge.

Le disque révèle un groupe avec du potentiel, mais bon, enlevez-lui le micro, à cette pouffe! Si vous aimez vous masturber, écoutez les Ting Tings. En revanche, férus de musique, passez votre chemin.

Note: **


1- "Great DJ" - 3:24
2- "That's Not My Name" - 5:11
3- "Fruit Machine" - 2:54
4- "Traffic Light" - 2:59
5- "Shut Up and Let Me Go" - 2:53
6- "Keep Your Head" - 3:23
7- "Be the One" - 2:57
8- "We Walk" - 4:06
9- "Impacilla Carpisung" - 3:39
10- "We Started Nothing" - 6:24


Cet album un tantinet putassier est l'unique "oeuvre" des Ting Tings.


Découvrez The Ting Tings!

vendredi 14 novembre 2008

AC/DC : BLACK ICE


Les ennemis acharnés des revivals hard un tantinet tronçonnants de ces mois-ci ("Death Magnetic", "Motörizer") ont eu fort à faire pour conserver le peu de tympans et de neurones qui subsistent après des vacances joyeusement décérébrées. Alors que, dans ces tranchées puritaines, on se prépare à l'attaque de "Chinese Democracy" d'Axl Rose, déjà on compte les morts. Parce que dans le camp adverse, une troupe de vétérans vient de balancer un obus en pleine tronche de leurs généraux: "Black Ice". Véritable V2 de l'année 2008, dont la première curiosité n'est pas son oxymoron de titre mais bien Rock 'N' Roll Train, qui, toute métaphore ferroviaire mise à part, a tout, de son riff entêtant à son refrain libérateur, pour surpasser Highway To Hell. Si, si! Puis, sur Skies On Fire, l'aviation d'AC/DC met les cieux à feu et à sang grâce à son rythme funky à faire danser les paralytiques. Au passage, signalons aux sceptiques que le général Brian a toujours sa voix de prolo bourré avec un chat dans la gorge. Il glapit ici les ordres à ses troupes qui exécutent benoîtement une dissection méthodique du Hard Rock, pour la plus grande joie des amateurs de Van Halen (Anything Goes tient de Jump, par son genre tube eighties attachant), de blues (Stormy May Day, un The Jack mais moins lascif) ou même, soyons fous, de Hendrix (Le riff d'Izabella est revisité sur Decibel). Passons sur certains morceaux creux (Smash N'Grab), car AC/DC nous livre surtout un titre belliqueux à la Thunderstruck: War Machine, missile guidé par un riff en forme de signal d'alarme oppressant. Excellent, tout comme l'album dans son ensemble.

Pour un groupe qui, même au champ d'honneur, n'a jamais voulu mourir, "Black Ice" serait-il un terrible aveu? S'il se lance dans de telles explorations, est-ce par bilan, parce qu'il sent la froide main de la mort sur son épaule? Quoi qu'il en soit, tant que les frères Young continueront leur quête du riff parfait, nos électriciens des antipodes mériteront au moins le Prix Nobel de physique.

Note: ****

1 Rock 'N Roll Train – 04:22
2 Skies on Fire – 03:34
3 Big Jack – 03:57
4 Anything Goes – 03:22
5 War Machine – 03:10
6 Smash 'n' Grab – 04:06
7 Spoilin' for a Fight – 03:18
8 Wheels – 03:28
9 Decibel – 03:34
10 Stormy May Day - 03:10
11 She Likes Rock 'N' Roll – 03:53
12 Money Made – 04:15
13 Rock 'n' Roll Dream – 04:41
14 Rocking All The Way – 03:22
15 Black Ice – 03:25

Du même artiste

Vous allez aimer:
-Back in Black
-Highway To Hell
-High Voltage

A éviter:
-Powerage
-Fly On The Wall
-Stiff Upper Lip

mercredi 12 novembre 2008

THE LAST SHADOW PUPPETS : THE AGE OF THE UNDERSTATEMENT

L'amateur de rock contemporain qui suit regulierement les evolution de la musique depuis le debut des années 2000 à nos jours aura remarqué la predominance (je vous epargne la techno le R&B, la pop commerciale, et tout les autres genres musicaux qui font fureur sur MTV) du mouvement Indie. Pour faire un bref rappel, ce style est un enfant du punk et de la new wave qui reprent certain principes de style plus ancien comme le R&B (Je veut dire, le vrai...) ou encore le Blues. En prenant un peu de recul, on s'aperçoit vite que ce genre, bien que sympathique, souffre d'un manque d'originalité cuisant. Les groupes se suivent et se ressemblent. Cependant la donne pourrait bien être changé avec l'album presenté ici.
The Age Of The Understatement, le premier, et unique à ce jour, album, sortit en Aout 2007, du supergroupe (au sens technique du terme) The Last Shadow Puppets, un duo composé de Alex Turner (The Artic Monkeys) et de Miles Kane (The Rascales), n'est il qu'un album éphemere, ou bien est il fait pour durer ?

On commence avec le titre éponyme qui retient tout particulierement l'attention. Loin d'un morceau banal, cette piste inclue des éléments qu'on ne s'attendrait pas forcement à retrouver dans un album d'indie : les choeurs, le rythme et les instruments presque symphonique. Le tout s'harmonise parfaitement. Ces éléments bienvenues vont suivre les titres tout au long de l'album. Par ailleurs, la tonalité pop de l'album apporte une certaine fraicheur au style quasi punk qu'on peut facilement retrouver chez certains groupes indie. Les chansons s'enchainent et se suivent avec une certaine uniformité sans que l'auditeur ne se lasse. On ne peut pas cerner precisement les influences qui on donné lieu à cet album. The Beatles sans doute, le folk probablement, la pop surement. Les voix de Mile Kanes et d'Alex Turner s'entremelent sans problème ("Separate And Ever Deadly") même si on sent un certain tatonnement par moments. On passera sur les sujets des chansons qui ne se demarque pas par leurs originalité (amour, protestation, etc.)

En definitive, The Age Of The Understatement est sans contexte un bon, voir trés bon album, l'ajout d'éléments interessants qui redonne une certaine fraicheur au genre permet au Last Shadow Puppets de sortir du lot et de se demarquer des autres artistes du genre (Kaiser Chiefs, The Kooks, etc.) Les chansons sont entrainantes et il faut un certain temps pour s'en lasser, la qualité du jeu des musiciens et des chanteurs et plus qu'honnete.
Seulement, l'élant d'originalité de l'album n'est pas encore suffisant pour guerir le genre de la carence d'innovation dont il souffre de plus en plus au fil du temps. des artistes comme Alex Turner ou Mile Kanes on largement le talent requis pour faire avancer le rock, mais ils n'en on pas forcement la volonté. Malgré tout on peut ésperer que d'autres groupes vont suivre le mouvement et chercher l'inovation. (On pourrait, par exemple que les barrieres 2 : 30, 3 : 30, qui definisse la longueur d'un morceau s'ecartent...)

Note : ****

Liste des morceaux :

1. The Age Of The Understadement
2. Standing Next To Me
3. Calm Like You
4. Separate And Ever Deadly
5. The Chamber
6. Only The Truth
7. My Mistakes Were Made For You
8. Black Plant
9. I Don't Like You Anymore
10. In My Room
11. The Meeting Place
12. Time Has Come Again

Du même groupe :

un seul album à ce jour

mardi 11 novembre 2008

CARBON / SILICON : THE LAST POST


Les Sex Pistols sont, comme chacun sait, le summum de l'hypocrisie punk, et c'est ce que les gens aiment, après tout. John Lydon n'a de cesse depuis 30 ans que de répéter cette phrase: "Je fais ça que pour l'argent"... Beaucoup y rient, mais après la lucrative reformation de ces Pistols, même les plus naïfs cesseront de voir là la moindre plaisanterie. Les Clash, eux, sont au contraire le symbole même du groupe engagé, militant, philanthrope, et... Qui a docilement viré son guitariste sur ordre du manager. On l'oublie trop souvent. Mick Jones a mis du temps à s'en remettre, puis a fondé Big Audio Dynamite. Après la séparation du groupe, il produisit les deux mythiques albums des non moins mythiques Libertines, puis se retrouva face à un dilemne cornélien: reformation ou disparition? Sans choisir la méthode Pistols (Chanter la rébellion adolescente à 50 balais bien tassés, tout en jouant sur sa notoriété pour se faire de la thune), Mick Jones rencontre Tony James, ex-bassiste du groupe Generation X. Il est connu, outre ses faits d'armes au sein du groupe de la future marionnette Billy Idol, pour avoir inventé le Glam-Punk avec Sigue Sigue Sputnik, dans la lignée des New York Dolls. Bref, les deux vétérans forment début 2008, avec deux anciens Big Audio Dynamite et Reef, un supergroupe: Carbon/Silicon. Qu'on ne s'emballe pas: il n'y a rien de punk là-dessous. Pas de projet révolutionnaire pour changer l'histoire du rock: Tout est très gentil, oui, c'est le mot. Ne les emmerdez pas avec vos idéologies: ils veulent juste s'amuser.


Du côté de l'album, c'est un rayonnant plaisir. "The News", commence par quelques secondes acoustiques, puis déboule sans prévenir sur un disco syncopée et réjouissante. Foin de paroles à la "Bouh les riches" ou "le communisme c'est trop bien": plutôt "Bonjour, il fait beau", etc. Dur de trouver mieux pour un dépressif. "The Magic Suitcase" est réellement une pop song, cependant toujours avec une distorsion bienvenue. Quand même. Elle se fait le récit burlesque d'une valise piégée dans un aéroport... Pas grand-chose de triste dans ce monde, le refrain de "The Whole Truth" sonne même comme une comptine enfantine, loin des hymnes pessimistes ou révoltés que pondait le tandem Strummer/Jones chez les Clash, racontant, toujours avec humour, des faits divers. Le temps de la rébellion boutonneuse est terminé, comme le montre "What The Fuck", qui se moque même allègrement de la révolte: As Dostoïevski said, "what the fuck?" alors que chacun sait que la citation est de Tchekov... Le groupe, avec "Why Do Men Fight" et son titre baba, ne pert pas sa simplicité, en racontant une rencontre avec Dieu qui s'achève sur un refain Flower Power. Impérissable!

Carbon/Silicon se fait plaisir. Jones et James ont suffisamment changé le monde comme ça, ils tentent à présent d'enlever leurs envies suicidaires à ses habitants, tout en montrant qu'on n'est jamais trop vieux (pardon, âgé) pour être jeune.



Note: ***


1 The News - 5:40
2 The Magic Suitcase - 4:27
3 The Whole Truth - 4:43
4 Caesars Palace - 5:29
5 Tell It Llike It Is - 5:10
6 War On Culture - 6:03
7 What The Fuck - 3:14
8 Acton Zulus - 4:43
9 National Anthem - 5:11
10 Really The Blues - 5:31
11 Oilwell - 5:55
12 Why Do Men Fight - 5:17
13 Ignore Alien Orders - 5:52
14 I Loved You - 4:30



L'album est disponible en version 2CD, avec un live.



Autre pochette de l'album:


vendredi 7 novembre 2008

THE SMASHING PUMPKINS : MELLON COLLIE AND THE INFINITE SADNESS


A une fréquence assez irrégulière, et assez rare, il arrive dans l'histoire du rock que certains artistes en aient marre de rester dans des cases, et aient envie de faire un double album avec explorations stylistiques... Les Beatles, junkies sur pattes (à quatre pattes les jours néfastes), ont pondu le "Double Blanc" en des temps immémoriaux, en 1968; en 70, Captain Beefheart, génie tyrannique produit par Zappa, sortait "Trout Mask Replica", recueil de chansons déjantées empruntant à divers genres, mais qui ne pouvait pas toujours être qualifié de rock au sens brut. Puis les Clash, une décennie plus tard, en 1979, sortent "London Calling", album lui aussi de genres variés avec plusieurs titres de rockabilly ou de reggae, mais qui baigne tout du long dans un son punk. L'année suivante, ils sortent "Sandinista!", triple album (qui correspond à un double au format CD...), plus audacieux, invitant même le rap, la techno et le gospel, mais qui aurait fait un très bon simple album, sans enlever un seul bon morceau. Et au moment du chaos MTV des années 80, personne pour reprendre ce relais tendu par les londoniens...

En 1995, les Smashing Pumpkins sortent "Mellon Collie and The Infinite Sadness". Après cette longue parenthèse, ils réinventent tout bonnement le concept du double album révolutionnaire. En forme d'album hommage à l'histoire du rock, de bibliothèque. Billy Corgan et ses sbires chicagolais, formés en 1987, ont végété dans l'ombre de Nirvana, leur premier album sorti la même année que "Nevermind". Pas de chance... Lorsque le grunge est mort et enterré, la voie est libre: on sort "Mellon Collie...", le troisième album, sans crier gare.

Personne ne se trompera sur le titre éponyme, ballade simple au piano, qui est plus une introduction à l'album qu'un véritable classique. Il est même supplanté par "Tonight, Tonight", grandiose titre porteur d'espoir, qui n'augure pas du tout la violence de la piste suivante: "Jellybelly", titre Heavy Metal dont le début est digne de l'ouverture de "In Rock" de Deep Purple! "Bullet With Butterfly Wings" n'est pas vraiment rentré de l'enterrement du grunge. Au contraire, elle réunit toutes les caractéristiques du grunge: guitares saturées, ligne de basse dominante, voix blasée, paroles nihilisites, couplet sombre, refrain libérateur. On passera sur le slow ("To Forgive"), le Metal groovy à la Rage Against The Machine ("An Ode To No One"), le morceau psyché complètement vrillé ("Love") pour s'arêter sur Cupid de Locke, électro rêveuse et limite planante, qui annonce l'intégralité de "OK Computer" de Radiohead qui paraîtra deux ans après. "Muzzle" est une ballade scorpionesque, la voix de tarlouze en moins.
"Porcelina Of Vast Oceans", épopée grandiloquente, a un introït easy listening à la Air qui vire au heavy.

Le CD 2 s'ouvre sur "Where Boys Fear To Tread" dont le début évoque Tom Morello en train de recharger une mitraillette. On retient son souffle pour le métal indus de "Bodies" dont on ne descend quasiment pas, avec des paroles aussi joyeuses que "Love is Suicide". On fait même dans la chanson lascive, comme "In The Arms Of Sleep", au son de laquelle beaucoup de couples des années 90 ont dû concevoir nos petits frères et soeurs. "1979", le titre paradoxal, a une rythmique belliqueuse pour une chanson qui n'en est mois calme et mélancolique. "Thru The Eyes Of Ruby" est, une fois de plus, une chanson grandiose, où les musiciens ne tendent qu'à toucher le ciel tout en dissertant d'amour... On ne sait toujours pas comment Billy Corgan parvient à conserver sa voix acide sans écorcher la magnifique paroi dorée de ce chef-d'oeuvre. Il y a tout de même UN titre loufoque sur cet album: "We Only Come Out At Night", qui se veut lyrique, avec, en fond, des bouteilles qui se débouchent (?)! Les violons pleurent sur "Lily (My One and Only)" qui apporte un peu de douceur dans ce monde de brutes. L'album se fermant sur deux chansons douces (un slow et une ballade), on en conclura que le concept se termine malgré tout comme il a commencé: en douceur...

Ne nous faisons quand même pas d'illusions: cet album est accessible aux masses, même à la plèbe des années 90 particulièrement hermétique, et fut gage d'un succès commercial historique pour le groupe. Et il y a, comme dans tout double album, des titres de remplissage... Mais il n'empêche que ça, c'est de l'art.

Note ****1/2

Disque 1 : Dawn to Dusk

1 Mellon Collie and the Infinite Sadness
2 Tonight, Tonight
3 Jellybelly
4 Zero
5 Here Is No Why
6 Bullet With Butterfly Wings
7 To Forgive
8 An Ode to No One
9 Love
10 Cupid De Locke
11 Galapagos
12 Muzzle
13 Porcelina of the Vast Oceans
14 Take Me Down

Disque 2 : Twilight to Starlight

1 Where Boys Fear to Tread
2 Bodies
3 Thirty-three
4 In the Arms of Sleep
5 1979
6 Tales of a Scorched Earth
7 Thru the Eyes of Ruby
8 Stumbleine
9 X.Y.U.
10 We Only Come Out at Night
11 Beautiful
12 Lily (My One and Only)
13 By Starlight
14 Farewell and Goodnight

Du même artiste

Vous allez aimer:

-Siamese Dream
-Zeitgeist

A éviter:

-MACHINA I
-MACHINA II

jeudi 6 novembre 2008

CARAVAN : IN THE LAND OF GREY AND PINK

Si on parle de rock progressif, on pense immediatement à des classiques du genre comme "In The Court Of The Crimson King" de King Crimson", "Meddle" de Pink Floyd, "Close To The Edge" de Yes ou bien encore, même si toutes les éminances grises ne s'accordent pas pour attribuer à ce groupe l'etiquette de musique progressive, la plupart des albums de Soft Machine. Pourtant, si il y a un groupe injustement oublié, c'est bien Caravan. Pourtant, ce groupe dit, dans le jargon musical, de canterbury style, avait tout pour percer : des musiciens talentueux (David Sinclair au claviers et Richard Coughlan à la batterie), deux chanteurs à la voix interessante (Pye Hastings et Richard Sinclair, jouant respectivement de la guitare et de la basse.) Fait rare chez un groupe de rock progressif, ils avaient reussi à trouver le compromit parfait entre les arrangements instrumentaux et la pop des années 70. Le tout sans tomber dans une musique completement hérmetique ou carrement niaise.
L'album "In The Land Of Grey And Pink", sortie en 1971, s'ouvre avec le bienvenue "Golf Girl" et son histoire completement absurde (le narrateur aborde, sur un terrain de golf, une fille habillée en P.V.C. qui vend des tasses de thée...) Les chansons s'enchaine avec cette fraicheur propre au groupe qui conduit peu à peu celui qui l'ecoute dans le monde du gris et du rose... On notera tout particulierement la magnifique ballade "Winter Wine" et on se surprend à apprecier "Love To Love You" qui pourrait sembler completement niaise par son sujet mais qui s'ecarte largement de cette fausse note par sa construction et son jeu d'instrument impecable. Même la piece maitresse de l'album de plus de 22 minutes, composée de 4 mouvements, "Nine Feet Underground" s'ecoute sans effort avec un réel plaisir.

En definitive, "In The Land Of Grey And Pink" à tout d'un album culte, cependant, Caravan n'ayant pas la notorieté de King Crimson, il n'aura que peu d'influence sur la musique progressive en géneral, alors qu'il aurait largement pu la sauver de son inéluctable enlisement.

Liste des morceaux :

1. Golf Girl
2. Winter Wine
3. Love to Love You (And Tonight Pigs Will Fly)
4. In The Land Of Grey And Pink
5. Nine Feet Undergroud: Nigel Blows a Tune/Love's a Friend/Make It 76/Dan

Note : ****

Du même groupe :

Vous allez aimer :
- Caravan
- For Girls Who Grow Plump In The Night

A éviter :

- Waterloo Lily



Découvrez Caravan!

dimanche 2 novembre 2008

BOB DYLAN: BLOOD ON THE TRACKS


Qui sommes-nous, pauvres critiques amateurs, pour oser disséquer une oeuvre du prophète, gourou, et autres substantifs pompeux et insuffisants, qui changea de peau plus de fois que Michael Jackson le fit au sens propre? On ne peut que s'incliner respectueusement devant ses albums, sans rien y trouver à redire (excepté sur quelques égarements des années 80, et encore). Et surtout pas sur Blood On The Tracks. Parce que, c'est bien le problème, nous sommes face à un petit chef-d'oeuvre, tout simplement. Cet album date de 1975: l'artiste vient de quitter l'électricité, et...Sarah, sa femme. On est donc face à un album de divorce, concept que Marvin Gaye reprendra sur Here My Dear en 1978, envoyant au passage des "amabilités" diverses à son ex. Est-ce un concept album, un opéra folk ou tout simplement un recueil de chansons inspirées du même mal?

L'enregistrement de l'album est d'abord fait avec le groupe Delivrance, groupe plus ou moins à géométrie variable, des instrumentistes arrivant en studio au fur et à mesure des diverses sessions. Ainsi sur les titres "You're Gonna Make Me Lonesome When You Go" et "Shelter From The Storm", notre prophète joue seul avec son bassiste. Après avoir réenregistré une partie des plages qui n'étaient pas à son goût, le messie décide enfin de sortir l'album, dont la réalisation aura quand même totalisé 13 musiciens... Musicalement, l'album est tiraillé, comme l'homme: il reflète que Dylan ressent à ce moment la colère, la culpabilité, la douleur: bien que jouant majoritairement sur le clavier et la guitare acoustique, "Blood On The Tracks" est hanté par des basses et des batteries qui assurent une cohérence au fond. Sur "Tangled Up In Blue", introït rythmé par un charleston, la voix est, sans être blasée, dépressive. Ce titre traite avec mélancolie de la rencontre du couple. Sur "Simple Twist Of Fate", une promenade d'un jeune couple est ici narrée à la troisième personne par le barde seul à la guitare, qui parle ensuite du départ de la fille aimée au petit matin et conclut sur ces mots: "Elle était née au printemps, et moi trop tard, à cause d'un simple coup du destin..."


Puis Dylan, désemparé, prend un ton convaincu pour tenter de rattrapper son épouse, dans "You're A Big Girl Now", et, énervé par ses échecs, blâme et insulte Sarah, sur "Idiot Wind", où la musique perd de sa douceur et Dylan apparait clairement paranoïaque, allant jusqu'à évoquer des complots de la presse. "You're Gonna Make Me Lonesome When You Go", jouée à deux instruments seulement, montre un Dylan qui ne contrôle plus sa tristesse, même s'il tente de la dissimuler: la musique est dépouillée, on imaginera aisément Dylan sous la fenêtre de Sarah, en train de lui chanter, en amant déchu empoignant sa guitare: "Je te verrai dans les nuées, dans l'herbe haute, dans celles que j'aime, même si je serai bien seul quand tu partiras"... Mais il est faible et amer sur "Meet Me In The Morning", seule piste de l'album où apparaissent de virulentes guitares électriques. "Lily, Rosemary and The Jack Of Hearts", morceau de country, semble s'écarter du sujet principal, avec une histoire d'amour portée par un rythme accéléré et joyeux, même si l'histoire en question... a une fin malheureuse. Malgré cela, le Messie folk n'arrive pas à oublier son amour: dans "If You See Her, Say Hello", portée par deux guitares oniriques, il ne s'adresse pas directement à sa femme, mais à l'auditeur. Et dans "Shelter From The Storm", il redevient amer, regrette le passé. Les sautes d'humeur se reflètent dans la musique. L'accompagnement tient du minimalisme dans cette piste, et il en va de même dans la cloture élégiaque du disque: "Buckets Of Rain", métaphore des larmes versées par le poète, qui devient presque fou.

Que dire de cet album? Tout (et son contraire) a déjà été dit. On a parlé maintes fois de chef-d'oeuvre, qui fut promu 16ème meilleur album de tous les temps par le magazine Rolling Stone...
L'album est, malgré tout, dépressif. Sa terrible ligne directrice en fait un journal intime tourmenté mais néanmoins cohérent.

Note: *****

1- Tangled Up in Blue– 5:40
2- Simple Twist of Fate – 4:18
3- You're a Big Girl Now – 4:36
4- Idiot Wind – 7:45
5- You're Gonna Make Me Lonesome When You Go – 2:58
6- Meet Me in the Morning – 4:19
7- Lily, Rosemary and the Jack of Hearts – 8:50
8- If You See Her, Say Hello – 4:46
9- Shelter from the Storm – 4:59
10- Buckets of Rain – 3:29

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