samedi 28 février 2009

THE MARS VOLTA : THE BEDLAM IN GOLIATH

Ah ! Le rock progressif...Vous savez, cette espèce de vilain canard qui ne trouve refuge chez personne...Un exemple : prenez quelqu'un dans la rue demandez lui : "Si je vous dis rock progressif vous me repondez quoi...?" Généralement vous obtiendrez un truc comme "Rock quoi ?" pour les plus prudents ou bien "Ouais ! Jonas Brothers !" si vous avez choisi une gamine de treize ans qui a entendu le mot "rock"...Ca arrive même à des filles un peu plus âgées et très bien...Triste époque...
"Enfin !" me direz vous, "les vrais érudits du rock, les critiques professionels ou encore les vrais mecs qui ont des vrais goûts ? (Parce qu'il ont de la culture ? J'en doute...) Que pensent-ils du rock progressif ?"
Eh bien eux...Ce sera plutôt quelque chose comme : "Ah le rock progressif...Tout le monde écoutait ça dans le temps..." Eh oui ! Les vrais de vrais ! Les réferences en matière de goût ne se risqueraient pas à aimer le rock progressif...Il vaut mieux rester sur les valeurs sûres du punk et de l'indie (puisque c'est hype et que les inrocks aiment...) plutôt que d'écouter cette musique prétentieuse...
Enfin entre nous...Le rock progressif est une fausse musique de snob, snobbée par les vrais snobs. Et le truc génial au fond, c'est que ces fameux snobs ont réussi à enterrer le rock progressif. La preuve : rappelez-vous des individus lambda du début de cet article...

Enfin imaginez ces même personnages désagréables (les snobs, ceux qui savent et qui préservent le monde de l'horreur du rock progressif...) devant un groupe comme les Mars Volta. Que vont ils bien pouvoir faire ?
La même chose que ce qu'ils on toujours fait avant : ranger Robert Wyatt dans le jazz, Pink Floyd dans la pop...Enfin masquer les apparences. Eh merde ! Pour Mars Volta ça marche pas. Enfin c'est pas grave, ils laisseront surement passer le remarquable Frances The Mute de 2005...Les gens oublieront...Alors je les imagine bien, les critiques tremblants de peur, derrière leurs belles convictions quand Mars Volta décida de persévérer dans l'erreur en 2008 avec The Bedlam In Goliath...Et nous, on ne saurait que les encourager à recommencer.
C'est simple, en entâmant ce disque à l'histoire digne d'un roman de Lovecraft (une sombre histoire de planche oui-ja avec une histoire d'esprit et de malediction. Selon le groupe l'album même serait maudit...) on libère une bouffée d'énergie plus qu'impressionante. C'est simple, les morceaux sont destructurés jusqu'à l'extreme et l'auditeur lambda aura sans doute un peu de mal à s'y retrouver... Mais il faut entendre l'entrée en matière du morceau d'ouverture "Aberinkula" pour comprendre la force que cette décision donne à la musique de Mars Volta. Avec la voix d'un John Anderson excité, de Cedric Bixler-Zavala à moitié deformée au mixage pendant plusieurs passages electro/krautrock qui font bien mal aux oreilles, et la guitare excitée de Omar Rodríguez-López (vous aurez compris que le groupe est brésilien), qui donne un son martyrisé comme Keith Emerson le faisait avec son orgue Hammond dans The Nice, on obtient un disque envoûtant, violent, agréablement malsain, qui s'écoute d'une traite, sans pause (pas de transition entre la plupart des morceaux). En plus du single "Wax Simulacra", on retiendra deux beaux sommets : "Ilyena" et "Tourniquet Man", pour le reste, l'album est impeccable.

Note : ****

Liste des morceaux :

1. Aberinkula
2. Metatron
3. Ilyena
4. Wax Simulacra
5. Goliath
6. Tourniquet Man
7. Cavalettas
8. Agadez
9. Askepios
10. Ouroboros
11. Soothsayer
12. Conjugal Burns

Du même artiste :

Vous allez aimer :
- Frances The Mute

A éviter :
Rien pour le moment dans ce que j'ai écouté

vendredi 27 février 2009

SEPULTURA: ROOTS


Y a pas à dire, dans la plupart des groupes de metal, ce qui fait encore plus peur que le groupe lui-même, c'est... Son public. Et pourtant, Dieu sait que c'est dur. Mais, à grand renfort de lettres de fans écrites avec du sang, de félicitations du tueur en série Charles Manson qui a écouté "Roots" du fond de a cellule, ces petits rigolos ont tôt fait de devenir sans problème des poids lourds incontestables du Deah Metal. Et, apparemment, venir tout droit du trou du cul du monde (Belo Horizente, Brésil) n'est pas un obstacle si conséquent qu'on pourrait le penser... Formé en 1984 à l'intiative des frères Max et Igor Cavalera, respectivement "chanteur"-guitariste et batteur, le groupe est de ceux, et ils ont raison, qui n'aiment pas y aller par quatre chemins:le lecteur devinera donc que, niveau subtilié, on se promène à des années-lumière des penibles groupes de metal "lyrique"comme Nightwish qui polluent la scène depuis une grosse décennie.

Dignes héritiers de Slayer, les trublions aiment l'odeur du sang, et, en 1996, le montrent en sortant "Roots". On s'en doute, Mozart n'est pas vraiment là, et, aimant tant Black Sabbath que les Dead Kennedys, ils montrent que le Brésil est un pays étonnant. La tête précolombienne de la pochette annonce la couleur avant meme que le CD soit inséré dans le lecteur: death metal aztèque... Le concept est original, ne dépare pas le groupe de ses amis décibels, et la fusion n'est pas toujours désagréable: la batterie tribale, la guitare traditionnelle ("Attitude"), les incantations bizarres ("Ratamahatta"), et même, en chanson cachée, 10 minutes de bruits forestiers que l'on écoutera pas nécessairement jusqu'au bout. Bon, Lookaway, en duo avec le chanteur de Faith No More n'y apporte pas grand-chose, c'est vrai.

Mais bon, tout cela n'est pas dénué de créativité, Igor Cavalera est un excellent batteur, et ça fait du bien, de temps en temps, de se taper la tête contre les murs en hurlant ROOOOOOOOOOOTS! BLOODY ROOOOOOOOTS!
Note:***

Liste des pistes:

Roots Bloody Roots – 3:32
Attitude – 4:15
Cut-Throat – 2:44
Ratamahatta – 4:30
Breed Apart – 4:01
Straighthate – 5:21
Spit – 2:45
Lookaway – 5:26
Dustedv – 4:03
Born Stubborn – 4:07
Jasco – 1:57
Itsári – 4:48
Ambush – 4:39
Endangered Species – 5:19
Dictatorshit – 1:26

mercredi 25 février 2009

WEEZER: WEEZER (BLUE ALBUM)


Pour comprendre Weezer, il est essentiel de savoir que le groupe est ringard (regardez la pochette...). Sans savoir cela, une partie conséquente du public candide l'a longtemps décrié ou adulé en s'arrêtant à ces grosses guitares putassières placées dans chacune des chansons. Cette nappe boueuse, frontale, franchement exaspérante, a le don d'attirer les mouches à vraie merde (à Sum 41, à Offspring, etc) et de rebuter les vrais esthètes... Ce qui est dommage, car Weezer a eu le don de créer une oeuvre extrêmement prolifique et l'une des plus originales de Californie. Enfin... Surtout son leader Rivers Cuomo. Il serait naïf de croire que l'homme, qui a écrit un nombre incalculables de chansons, dont beaucoup restent inédites et certaines paraissent au compte-gouttes, est à la tête d'un vrai groupe. Un petit orchestre, plutôt, qui dérouta en 1994 l'Amérique tout juste sortie du grunge. La pochette ressemble à s'y méprendre à celle de "Crazy Rhythms" des Feelies, dont Weezer revendique l'urgence.

Rivers incarne, avec ce disque, les deux facettes de l'Amérique: tout d'abord, la Californie ridicule, le football américain, les surfers abrutis. Avec les murs de guitare balourds dans chaque morceaux, donnant un ton blockbuster commercial à l'oeuvre, c'est l'Amérique citadine, industrialisée, celle des sitcoms, qui ressort. Et les paroles! Des paroles, comme sur "No One Else", qui tiennent du cliché absolu: "Et si tu la vois, dis-lui que tout est fini maintenant... Je veux une fille qui ne rira pour personne d'autre." Avec, en prime, une thématique piquée aux Beach Boys période Surfin' Safari: "Surf Wax America". Amateurs de Heavy Metal, les Weezer glorifient Kiss dans "In The Garage", où le groupe sort carrément l'harmonica, et qui offre des plaintes d'un Rivers Cuomo seul et ignoré, travaillant ses chansons dans son garage. le vrai white trash, détruit par la vie citadine et ignoré des filles, puisque "Le monde a tourné et m'a laissé ici"... Ce ton de victime, que l'on retrouve sur la solitaire "Undone- The Sweater Song", est du plus bel effet; même si il parvient à faire ignorer au vulgaire que toutes ces compositions sont inexplicablement splendides...

Car , au fond, l'oeuvre est extrêmement puissante. C'est la Californie de "Pet Sounds" qui ressort. Inutile de rappeler que la qualité des chansons de Rivers Cuomo dépasse l'entendement.Il a déclaré d'où cela venait dans une récente interview: "Je travaille mes chansons avec un piano, une guitare acoustique et mon ordinateur, trois heures chaque matin. Je ne vais pas dans la nature, la montagne, ou je ne sais quoi..." Le seul vrai génie de sa génération, sans doute? Chaque morceau est gratifié d'un travail d'orfèvre. Le rythme, par exemple, est traité avec brio: certains morceaux sont à trois temps ("My Name Is Jonas", "Holiday"), contre quatre dans... quasiment toutes les chansons de rock parues jusqu'ici! Parfois même, le rythme est presque impalpable ("Say It Ain't So", "In The Garage"). Et souvent, sous les apparences naïves, se dissimulent des immenses compositions, comme "Buddy Holly": il s'agit là de la meilleure pop song de tous les temps, où tous les instruments se complètent et le refrain est tout simplement parfait. "My Name is Jonas", à l'introduction brillante, a un refrain porteur d'espoir, un solo en escalier jouissif pour un final explosif en apothéose. Et si on pourrait reprocher à "Only In Dreams" son manque de concision, elle s'avère en réalité parfaite pour clore l'album.
Ce qui est décrit dans cet album, c'est une dualité. C'est l'artistique et le commercial, c'est la province et la ville, c'est Brian Wilson et Tommy Lee, bref, cet album, et aucun autre, c'est la Californie.

Note:*****

Liste des pistes:

My Name Is Jonas" – 3:24
"No One Else" – 3:04
"The World Has Turned and Left Me Here" – 4:19
"Buddy Holly" – 2:39
"Undone - The Sweater Song" – 5:05
"Surf Wax America" – 3:06
"Say It Ain't So" – 4:18
"In the Garage" – 3:55
"Holiday" – 3:24
"Only in Dreams" – 7:59

Du même artiste

Vous allez aimer:

-Pinkerton
-Weezer (Green Album)
-Maladroit

A éviter:
-Make Believe
-Weezer (Red Album)

BLACK SABBATH : BLACK SABBATH


Si on donne le nom de Black Sabbath à l'auditeur lambda (voire même cultivé...) tout ce qu'on en retirera sera sans doute "Paranoid" suivi de "Iron Man" puis, avec un peu de chance, "War Pigs".
Mais comment a t'on pu oublier le premier album de Black Sabbath ? Souffrirait t'il du même syndrome que Master Of Puppets de Metallica ? Allons, raisonnons nous, si Paranoid est un indispensable, il va bien falloir se replonger dans ce premier disque tout mal enregistré qui eut malgré tout son petit (ou plutot grand) succés.
Mais bien sur ! L'album commence avec ce titre absolument phénomenal que les heavy metalleux aux cheveux gras surnomment la trinité diabolique (vous allez comprendre...) j'ai nommé "Black Sabbath" ! Pour la petite histoire, Ozzy et sa bande avait pris le nom de Earth pour se rendre compte qu'un autre groupe jouait déja sous le même nom (trés Spinaltapien tout ça...) D'où, changemant de nom immediat. Soyons clair, "Black Sabbath" n'a jamais eu de vocations satanistes. Le morceau parle du satanisme mais c'est pour mieux en prévenir les dangers. Il suffit d'écouter les paroles pour se faire une idée : "Turn out quick and start to run, find out I'm the chosen one...Oh nooo !".
Enfin il serait facile de limiter ce magnifique disque au morceau d'ouverture pas ce que soyons bien claire : on a ici un petit bijou de hard rock et de folk. Il est même clair qu'on est ici en presence du premier album de heavy metal...Tout y est...Souvenez vous, Tony Iommy et ses riffs d'handicapé, Ozzy et sa voie de harpie...
On a donc des beaux classiques, que dis je : des monstres ! "The Wizard" et son harmonica aiguisé qui s'accorde parfaitement à Tony Immy, le superbe "N.I.B". qui nous prouve que les bassistes ont leur mot à dire, le hit annoncé de l'album "Evil Woman"...Mais aussi le superbe trip mi hard mi folk presque entierement instrumental "Sleeping Village", la superbe complainte hard de plus de dix minutes "The Warning", et on fini avec une belle prouesse de Toni Iommy sur "Wicked World".
Le constat fait plaisir aux oreilles, le premier Black Sabbath, quasi eclipsé par Paranoid, si ce n'est le morceau éponyme, atteint en fait les même sommets que ce dernier. Melangeant habilement folk esoterique et riffs metalliques, le son sonne plus sombre, on écoute Black Sabbath comme on lit dans un vieux Necronomicon...Il faut bien avouer que cette sensation est renforcé par l'enregistrement franchement moyen de l'album (bouclé en deux jours...)

Note *****


Liste des morceaux :


1. Black Sabbath
2.The Wizard
3. Behind the Wall of Sleep
4. N.I.B.
5. Evil Woman
6. Sleeping Village
7. The Warning
8.Wicked World


Il existe differentes versions de cet album. Sur l'edition americaine vous perdrez le superbe hit "Evil Woman"...Celle presentée ici est l'européenne.


Du même artiste :


Vous allez aimer :
- Paranoid

- Sabbath Bloody Sabbath

- Master Of Reality


A éviter :

- Dezhumanizer

- Cross Purpose

mardi 24 février 2009

LOU REED : TAKE NO PRISONERS


Lou Reed? Les simples visiteurs de ce blog ne le connaîtront que pour ce magnifique et inaudible forfait expérimental proto-noise chroniqué jadis sur ce blog ("Metal Machine Music"). L'histoire s'était donc arrêtée en 1975. Il faut bien garder à l'esprit que nous sommes à New York, à l'époque où la ville connaît la première les assauts répétés du mouvement punk. Et pour une culture pas toujours réputée, à quelques exceptions près, pour son élitisme, la musique bruitiste n'est pas toujours très prisée dans les rangs du punk. Trop en avance sur son temps sans doute, Lou Reed décide de revenir à la musique. Il sort, en 1977, "Rock n' Roll Heart", salué comme un retour (enfin!) au rock, à l'occasion duquel Lou Reed renoue avec le succès et le sadomaschisme velvétien (bon, c'est sûr, y a moins malsain, mais dans le cas de Lou Reed, c'est plutôt un signe de bonne santé).

L'année suivante, c'est le live "Take No Prisoners" qui sort, interprété par un Lou Reed plus joyeusement sadique que jamais. A priori, la carte est alléchante: la pochette qui représente le Reed skinhead, comme au bon vieux temps de Rock'n roll Animal, et chauffé de bas résilles affriolants; la sortie, après Rock n' Roll Heart, d'un album mythique, "Street Hassle", qui offre un morceau-titre sublime avec cordes, et la collaboration presque incongrue de Bruce Springsteen; cerise sur le gâteau, pour tout fan de rock lambda (on a bien dit "lambda", hein...), ce live a la bénédiction de Mick Jagger, qui le voit comme le meilleur album en public jamais sorti. Que demande le peuple?

Bien plus, en vérité... Ce live est un ramassis de chansons allongées à l'extrême. Certes, les dialoues du maître avec le public ne sont pas des moins plaisants: il gratifie le public de cet apophtegme sur les rock-critics: "Imaginez bosser pendant une putain d'année, et tout ce que vous recevez, c'est un B+ d'un trou du cul du Village Voice?", comble de détails précieux sur la genèse de Walk On The Wild Side, insulte Springsteen avec ingratitude, fait toutes sorte de blagues...

Et la musique dans tout ça? Certes, passer 1h32 à entendre le Reed déblatérer ses maximes sur fond de chansons mythiques étirées comme des chewing-gums ne doit pas être déplaisant en live. Mais à écouter? S'amuser à entendre les musiciens s'accorder pendant toute la première face est-il un divertissement de quinquagénaire glaireux? Ou un moyen de vivre la frustration de ne pas y être? Mal choisi, mal chanté, mal joué, mal capté, mal mixé, ce live montre que le retour à la réalité de Lou Reed n'est pas encore terminé! Il serait cruel de dire que la poubelle sur la pochette parle d'elle-même, mais, au fond, le live est plus que dispensable. "Rock 'n' Roll Animal" ou encore "Lou Reed Live" passeront avant sur la liste des courses.

Note:**

Liste des pistes:

"Sweet Jane"
"I Wanna Be Black"
"Satellite of Love"
"Pale Blue Eyes"
"Berlin"
"I'm Waiting for the Man"
"Coney Island Baby"
"Street Hassle"
"Walk on the Wild Side"
"Leave Me Alone"

Du même artiste

Vous allez aimer:

-Transformer
-Berlin
-New York

A éviter:

-Lou Reed
-Sally Can't Dance
-Metal Machine Music

dimanche 22 février 2009

TANGERINE DREAM : PHAEDRA

Le talent est un don dangereux. Alors que l'Angleterre s'étouffe dans son rock progressif pétri d'orgueil et d'organisation, l'Allemagne renouvelle le genre avec une approche toute differente. Le Krautrock correspond à ce que les Anglais on cherchés pendant si longtemps : le chainon manquant entre la musique progressive et le punk. C'est un bordel ordonné servi par des improvisations chaotiques, un pandemonium genial qui se contente de quelques orgues et d'a peine une batterie (contrairement aux groupes anglais qui se sentirent obligés de noyer leur musique dans tout un flot d'instruments classiques superflus. Et si le Krautrock doit avoir un génie c'est bien Klaus Schulze. Bien sur ce dernier manquait beaucoup de charisme par rapport aux idoles outres manche (il est bien plus facile d'aimer un beau brun à la voix lassive comme Lou Reed qu'un Allemand à la gueule de travlo completement défoncé à l'acide qui passe sa vie penché au dessus de synthétiseurs.) Mais Klaus Schulze avait tout compris : tout. Adepte de la musique répétitive, aussi bien influencé par Stockhausen que par Schubert, ce prodige est à l'origine de deux des plus grands groupes de musique allemande jamais constitué : Ash Ra Tempel et Tangerine Dream.

Phaedra est un album de cette dernière formation. Nous sommes en 1974 et on est bien obligé de reconnaitre que l'influence de Klaus Schulze n'a pas suffi à faire voler Tangerine Dream jusqu'au bout. Oh ! Bien sur il n'est plus là, mais il serait facile de conjecturer que Klaus Schulze a laissé le groupe à des imbeciles. Surtout que ça fait déja trois albums qu'il est partie (à la fin d'Electronic Meditation) et que depuis, le groupe a sortit trois putain de classiques : Alpha Centauri, Zeit, et l'incomparable Atem. Mais le filon s'est épuisé. D'une musique d'ambiance époustouflante on est passé à du easy listening sans aucun intérêt. Les morceaux sont tout simplement des copiés-collés entre eux. On joue trois notes à l'orgue et on fait ça pendant 17 minutes avec des bruits de fond. Bien sur, ce n'est pas la répétition qui est à blamer. Klaus Schulze (eh oui ! encore lui...) nous a largement prouvé le contraire avec Ash Ra Tempel dans Join Inn. C'est juste qu'entre la formidable introduction d'Atem, ces retombées dans les tréfonds de notre esprit, et la performance insipide de Phaedra, un enorme pas a été franchi.

Comble du mauvais gout, Phaedra et ses deux suites toutes aussi ininteressantes seront les disques les plus vendus et les plus primés de Tangerine Dream à travers le monde entier. Ces faux pas vont êtres les premiers precurseurs de l'enfant illégitime du krautrock : la techno.

Note : *

Liste des morceaux :

1. "Phaedra" – 17:45
2. "Mysterious Semblance at the Strand of Nightmares" – 9:55
3. "Movements of a Visionary" – 8:01
4. "Sequent C' " – 2:18

Du même artiste :

Vous allez aimer :
- Electronic Meditation
- Alpha Centauri
- Zeit
- Atem

A éviter ;
- Rubicon
- Stratosfear
- Ricochet
- Cyclone

vendredi 6 février 2009

MORCHEEBA : DIVE DEEP

Les dernières années ont été dures pour Morcheeba. Si l'indé occupe une place importante de la scène musical depuis le debut des années 2000, elle laissait malgré tout la place à d'autre styles musicaux pour la plupart issus des vestiges de la britpop et d'une éléctro montant peu à peu en puissance (mais pas forcement en qualité.) Entre tout ça il existait un genre que les gens appelaient trip-hop. Soyont clair : le trip-hop est tout bonnement indefinissable. Vouloir ranger un album de ce genre dans une classe bien précise revient à ranger un album comme "Rust Never Sleeps" de Neil Young dans le folk tout en sachant qu'il serait tout aussi bien dans le hard rock. Pour faire simple on dira que le trip-hop est un mélange assez bien maitrisé entre le folk, l'électro, la pop et le rap. C'est donc dans ce melting pot de genre que nait Morcheeba. Le groupe marque ses morceaux de la voix de Skye Edwards : une chanteuse noire qui enveloppera tout ses morceaux d'une atmosphère très légerement planante et extremmement reposante jusqu'à son depart en 2003.

Mais nous voila en 2008. L'indé a litteralement explosé et on ne parle plus que de ça. Tout et n'importe quoi se retrouve classé dans le rock indépendant. (J'ai très récemment vu les Mars Volta consideré comme un groupe de rock alternatif. Les Mars Volta sont un groupe de rock progressif !) Quand ce n'est pas l'indé qui occupe le devant de la scène, on est obligé de se taper la techno avec un retour à la mode de la pseudo french touch (Daft Punk...Tiens c'est de nouveau à la mode ce truc ? Où sont passés Air...) Finalement les groupes comme Morcheeba qui apportait un vrai metissage des genres sont presque completement tombés dans l'anonymat. En tout cas leur dernier album Dive Deep, sorti en 2008, n'a pas marqué un retour du trip-hop sur le devant de la scène.

Mais on est quand même bien obligé de constater que Dive Deep contient pas mal de défauts. Comme pour Charango, Morcheeba se permet de rendre sa musique encore plus hécléctique que d'habitude : mais si les invités de Charango remplissaient leur rôle à merveille, ce n'est pas toujours le cas pour ceux de Dive Deep. La chanteuse Manda ne gêne pas la plupart des morceaux (du moment qu'elle chante en anglais,) mais "Au Delà" tire franchement sur le niais.
Et puis il faut bien le dire. Voila déja cinq ans que Skye Edwards à quitté Morcheeba et sa voix manque terriblement. Oh bien sur les musiciens s'essayent au chant, assurent à tour de rôle la partie vocale de chaque morceau. Enfin la voie de Skye Edwards manquent terriblement à l'ensemble. Et puis l'album manque clairement de structure. C'est hécléctique, voire un peu trop. En plus de tout cela certains morceaux laissent franchement à desirer (notamment "Riverbed" ou encore Au Delà.) Enfin aprés l'écoute de Dive Deep, si on jette un regard en arrière on constate qu'il y a quand même du bon dans cet album. Et même qu'au final, il y a plus de bon que de mauvais. Le trip-hop et son agréable mélange des genres est toujours là, l'éléctro se marie parfaitement avec la pop/folk et les frêres Godfrey doivent être les seuls artistes actuels à savoir se servir convenablement d'un synthé et d'une table de mixage. L'intervention du rappeur Cool Calm Pete nous permet une superbe session hip-hop sur fond de claviers planants dans "One Love Karma. Morcheeba nous livre ici plusieurs bons morceaux ("Blue Chair", "One Love Karma", "Washed Away") et deux carrements excellents ("Enjoy The Ride" et "Run Honey Run".) Le premier sera tiré comme single de l'album.

En definitive Dive Deep est sans contexte un bon album, même si de gros défauts subsistent on ne peut pas cracher sur un souffle d'air frais en ces temps de production à la chaine.

Note : ***

Liste des morceaux :


1. Enjoy the Ride (avec Judy Tzuke) (4:02)
2. Riverbed (avec Thomas Dybdahl) (5:23)
3. Thumbnails (2:34)
4. Run Honey Run (avec Bardley Burgess) (3:43)
5. Gained the World (avec Manda) (2:55)
6. One Love Karma (3:31)
7. Au Dela (avec Manda) (2:14)
8. Blue Chair (avec Judy Tzuke) (4:07)
9. Sleep on It Tonight (avec Thomas Dybdahl) (5:32)
10. The Ledge Beyond the Edge (5:27)
11. Washed Away (avec Thomas Dybdahl) (4:21)

Du même artiste :

Vous allez aimer :
-Charango

A éviter :
- The Antidote

EMPIRE OF THE SUN: WALKING ON A DREAM


Déjà? Oh, on se calme! Comme le monde va vite! On n'a pas eu le temps de cligner des yeux, ni même d'écouter toute la discographie de Black Flag que déjà sort le premier album d'un ersatz de... MGMT. Mais bon, tout ça, c'était écrit. Tous les gens sensés avaient compris depuis longtemps que le duo de Brooklyn allait être torturé, starsystemisés , récupéré par la hype, c'est à dire les soirées parisiennes décadentes (Velvétiennes? Euh non, pas vraiment...), les Inrockuptibles, la jeunesse branchée Myspace, le marketing, bref, la crème, quoi. Et les pauvres MGMT de se défendre, de persévérer dans leur show électro-psychédéliques et leurs chansons quasi-littéraires pour se démarquer de la masse. Mais ce qui devait arriver arriva: le duo, malheureusement, devint célèbre. Et la mayonnaise a pris, faut croire. Les gens dansant au son de "Kids"(qui n'est, au passage, pas une soupe pour juke-box de dancefloor moisi mais un hymne absolu) commençant à avoir sérieusement la dalle, ont l'air d'en réclamer plus: c'est ce qu' EMI leur a offert en parachutant, mesdames et messieurs, les Empire Of The Sun. Ce duo -encore un ?!- du pays des kangourous est, à ce qu'on dit en ville, les "nouveaux MGMT". Et le pire, c'est que les benêts qui ont laché cette phrase ont raison. Les Empire Of The Sun sont la photocopie, les clones industriels, les copies conformes de ceux qui ne veulent plus être appelés Management. A l'ère du visuel, c'est la seule chose qui compte, après tout.

Qu'est-ce qu'on disait... Ah oui, la musique. Le chanteur est, vocalement, une caricature d'Andrew Van Wyngarden, les chansons se suivent et se ressemblent: des copies plus ou moins bien composées des titres de MGMT, un album qui sonne comme une compile pour salon, moitié trip-hop ("The World"), moitié dance ("Walking On A Dream", "Swordfish Hotkiss Night") , avec un mélange bizarre et ennuyeux entre techno et country ("Country", ben oui). Rien de plus à dire. On s'endort avec une consolation: quand la Empire of the sun mania sera passée, les salauds opportunistes passeront à la trappe, comme cela est en train d'arriver (provisoirement, on l'espère) au duo New-Yorkais dont le nom est cité trop de fois dans cet article pour que Empire Of The Sun soit un groupe à part entière.

Note: *

Liste des pistes:

Standing On The Shore
Walking On a Dream
Half Mast
We Are The People
Delta Bay
Country
The World
Swordfish Hotkiss Night
Tiger By My Side
Without You

Ceci est leur premier album (et dernier, nous l'espérons tous).

dimanche 1 février 2009

METALLICA : MASTER OF PUPPETS

A force de médiatisation, le commun des mortels a presque tout oublié de Metallica. A l'heure de la sortie de "Death Magnetic" la plupart des amateurs de MTV qui regardent en boucle "The Day That Never Comes" semble ne pas avoir conscience que c'est ce même groupe qui dès la sortie de son premier album "Kill'Em'All" à tout bonnement revolutionné le heavy metal. Comment a t'on pu oublier que Metallica a tout bonnement relêgué la violence que degageait les mastodontes du heavy metal (Motörhead, Black Sabbath ou encore Iron Maiden) au rang des petits chanteurs de St Marc ? Si Metallica avait choisi un slogan ce serait assurément quelque chose dans le genre de "Un peu plus de violence dans ce monde de brute." En 1986 sort Master Of Puppets, sans doute un des disques les plus bruyants de toute l'histoire du rock.

Et ne vous fiez pas au premières secondes de "Battery" le morceau d'ouverture, le ton est très vite donné et il fait mal aux oreilles. Riffs d'aciers joués plus vite que la lumière, batterie lourde et omnipresente. L'auditeur doit se préparer psyquologiquement si il ne veut pas perdre les pedales : l'album ne contient aucune trève. Le morceau éponyme d'un peu moins de neuf minutes est un pur chef d'oeuvre de brutalité construit et travaillé jusqu'a prendre un aspect presque progressif (à l'image du fameux "The Call Of Ktulu" present sur l'album précédant, Ride The Lightning.) On enchaine sans tarder avec "The Thing That Should Not Be", et force de contaster que si Lovecraft a souvent inspiré le heavy metal (Blue Öyster Cult, Iron Maiden,) on trouve rarement de morceaux qui y font clairement allusion. C'est pourtant le cas de celui-ci, parfaitement dans l'esprit Lovecraftien ("...Stranger aeons Death may die.") "Welcome Home (Sanitarium) semble commencer comme une ballade mais reprend très vite le ton de l'album. Aprés trois morceaux dont un d'une violence encore plus inouie que le reste de l'album ("Disposable Heroes",) et un instrumental dans la lignée de "The Call Of Ktulu", on finie comme on a commencé : dans une violence à la limite du tolèrable avec "Damage Inc".

Presque aussi indispensable que le Black Album qui sortira cinq années plus tard, Master Of Puppets pêche par son excessive violence qui rebutera la plupart des auditeurs. Metallica le comprendra très vite et corrigera ce défaut par la suite avec sa première ballade qui est également un de ses titres les plus connus "Nothing Else Matter".

Note : ****1/2

Du même artiste :

Vous allez aimer :
- Metallica (Black Album)
- Kill'Em'All
- ...And Justice For All

A éviter :
- S&M
- Loaded
- Reloaded

(Master Of Puppets n'étant pas disponible sur deezer, je ne vous propose ici que d'écouter une version live du titre éponyme)


Découvrez Metallica!