mardi 31 mars 2009

THE RAMONES: ADIOS AMIGOS


"Joey's getting bald, Johnny's a vegetable, we're so sad 'cause we all know it's the end of the Ramones..." Ainsi chantaient les Mr T Experience dès 1989, décrivant magnifiquement ce qui est, sans doute, la chute la plus pathétique et prévisible de l'Histoire du rock. Elle commence cette année-là, les Ramones viennent de signer sur le label Radioactive Records, et c'est le début de l'inéluctable fin: Dee Dee Ramone, trop à part et trop junkie pour continuer, est rapidement viré et remplacé par C.J. . Manque de chance, ce dernier n'est pas à même de remplacer Dee Dee en ce qui concerne l'écriture de morceaux, d'où "Loco Live", l'album live hyperspeedé et sous-estimé, l'album de reprises rigolo "Acid Eaters", et le vide "Mondo Bizarro". C'est sur ces entrefaites que les "quatre faux frères new-yorkais" (pour abuser d'un cliché journalistique usé jusqu'à la corde) se préparent en 1995 à tirer définitivement le rideau, après un ultime opus pour finir d'honorer leur contrat avec Radioactive: "Adios Amigos".
Il faut rappeler qu'en 1994 fleurissent les groupes de "pop-punk" aux murs de guitares ultra-commerciaux formatés pour MTV, avec comme chefs de file, Offspring et Green Day (et quelques années après, leurs descendants, pires encore: Blink 182, Sum 41). Tous se réclament des Ramones, et, le plus étonnant est que ces derniers mettent leur son au goût du jour, comme si, dans un injuste retour des choses, ils rendaient hommage ceux qu'ils ont inspirés. Ou devenaient, simplement, des bêtes de foire, comme tous les autres... C'est le point décevant de cet album. Même s'il était très judicieux de l'ouvrir sur une excellente reprise de Tom Waits, aux paroles bien senties et émouvantes pour un groupe de quadragénaires au bord de l'implosion... La chose est nécessaire quand on a une incapacité chronique à écrire soi-même des paroles qui tiennent la route ("I Love You"). Pour la suite, il n'était absolument pas nécessaire à Joey de laisser la parole aux autres membres du groupe ("Scattergun", "Cretin Family"), dont le timbre ne présente strictement aucun intérêt. Les titres ne sont pas tous mal écrits, la groupe ayant eu la bonne idée de ressortir des compos pas encore enregistrées de l'ex Ramone Dee Dee. "Have A Nice Day" a une batterie péchue comme au bon vieux temps et "Born To Die In Berlin" n'est pas la pire chose que le groupe aie jamais faite. Au final, cet album est déconcertant: il a la tristesse et la mauvaise qualité d'un dernier album, avec la gaminerie réjouissante et le mercantilisme ignoble du "renouveau punk".

Note: ** 1/2

Liste des pistes:

I Don't Want to Grow Up – 2:46
Makin' Monsters For My Friends – 2:35
It's Not For Me to Know – 2:51
The Crusher – 2:27
Life's a Gas – 3:34
Take the Pain Away – 2:42
I Love You – 2:21
Cretin Family – 2:09
Have a Nice Day – 1:39
Scattergun – 2:30
Got a Lot to Say – 1:41
She Talks to Rainbows – 3:14
Born to Die in Berlin – 3:32

Du même artiste

Vous allez aimer:

-Rocket To Russia
-Ramones
-End Of The Century

A éviter:

-Brain Drain
-Mondo Bizarro
-We're Outta Here (Live inaudible)

YES : FRAGILE


Yes fait partie de ces quelques groupes qui on reussi, à la fin des années 60, à évoluer du statut d'organisme unicellulaire à celui de dinosaure de la musique, tout ça en passant par la case "poisson nageant dans la nasse progressive primitive." Cette même étendue d'eau obscure où la cruelle loi du plus fort a rapidement digêrer Mighty Baby, Seventh Dawn, et bien d'autre groupe psychéprogressivofolk dont personne n'entendra plus parler.

C'est clair : dites "rock progressif", et on vous citera probablement Yes dans les secondes qui suivent (Entre Pink Floyd, Soft Machine et ELP.) Mais si le groupe a encore le statut de colosse du prog, il faut bien admettre que la plupart de ces compositions ont plutôt mals vieillis...
Déjâ, il a fallu attendre 1971 avant que Jon Anderson et ses comparses acceptent de nous sortir un album de qualité (ce qui leur a laissé le temps de sortir deux galettes oscillant entre le folk insipides et le prog indigeste.) Mais si The Yes Album était bon en 1971, il a, aujourd'hui, perdu un peu de sa superbe. On prend encore du plaisir à écouter l'objet mais presque toujours en prenant soin de verifier que personne que l'on connais ne passe à côté et n'entende ces espèces de hippies qui font de la science-fiction alors qu'ils ne sont même pas sortis du moyen-age.
Et en 1972 on aura le droit à Close To The Edge : grosse envolée épique de trois "mouvements" qui passe curieusement bien malgré les apparences (mais rebute rapidement les non initiés...)
Et entre les deux ? Fragile...Le parfait point d'équilibre. Inutile de maintenir le suspens plus longtemps : Fragile est et restera touours (vu ce que le groupe nous fait aujourd'hui) le meilleur album de Yes, et ça de loin. On peut même aller plus loin que parler du meilleur album du groupe : Fragile est même un des meilleurs disques que le rock progressif ait jamais pondu.

Enfin un tel chef d'oeuvre ne se fait pas sans un minimum de nouveauté. Et des nouveautés on en compte deux majeurs. La première, qui ne concerne pas la musique en elle même, c'est la collaboration du groupe avec l'illustrateur anglais Roger Dean qui s'occupera dés lors de tout l'univers graphique du groupe jusqu'a leur debacle avec 90125 (ou "Owner Of A Lonely Heart" si vous preferez...) en 1983. Pour les sceptiques qui pensent qu'une pochette ne peut en aucun cas influencer les ventes d'un album, qu'ils aillent jeter un coup d'oeuil sur la breve histoire de Faust...

La deuxième nouveauté de l'album est l'apparition du clavier Rick Wakeman. Fin 69 un gamin jouait du flipper comme un dieu. Debut 70 un grand blond aux cheveux longs et lisses (chose rare à l'époque. La mode capillaire allait plutôt vers les boucles) joue d'à peu prés tout ce qui a des touches avec une aisance surnaturelle. Et pour s'en rendre compte il suffit d'écouter "Cans and Brahms" (la deuxième piste de l'album,) une demonstration de dexterité pure qui ferait fremir le meilleur des pianistes (le morceau est un extrait de la 4ème symphonie de Brahms).

Mais sauter la première piste c'est manquer le remarquable "roundabout" qui entame une envolée lyrique et laisse tout les autres morceaux de Yes loin derrière. On a ici, sans aucun doute possible, le meilleur morceau de Yes. Aprés une ouverture de cet envergure on a le droit à un album construit d'une manière atypique et extremmement bien pensé : quatre morceaux plus ou moins longs (de 3 : 30 à 11 : 27) servent de piliers à l'album ("Roundabout","South Side Of The Sky", "Long Distance Runaround" et "Heart Of Sunrise"), et sont coupés par des intermêdes bien pensés qui ne durent jamais plus qu'ils ne devraient (mention speciale à "We Have Heaven", "Five Per Cent For Nothing" et "Fish (Schindleria Praematurus)" qui n'est autre que le prolongement de "Long Distance Runaround").

Yes est toujours un groupe de hippies moyennageux qui joue des morceaux science-fictionnesques, mais cette fois la sauce prend pleinement. L'oeuvre est delicate, onirique, ne franchis aucune limite si ce n'est celle de la qualité.

Note : *****

Liste des morceaux:

1. Roundabout – 8:30
2. Cans and Brahms – 1:38
3. We Have Heaven – 1:40
4. South Side of the Sky – 8:02
5. Five Per Cent for Nothing – 0:35
6. Long Distance Runaround – 3:30
7. The Fish (Schindleria Praematurus) – 2:39
8. Mood for a Day – 3:00
9. Heart of the Sunrise – 11:27

Du même artiste :

Vous allez aimer :

- Close To The Edge
- The Yes Album

A éviter :

- 90125
- Union
- Drama
- Tales Of Topographic Oceans
A peu prés tout après Close To The Edge...Si ce n'est le recent double album live "Keys Of Ascencion" qui n'est pas non plus un modèle de qualité, sans être un veritable échec

IRON MAIDEN : LIVE AFTER DEATH

Un petit regard lancé en arrière dans le temps, disons quelque part entre les années 90 et les années 70, permet de se rendre compte que les années 80 on été plus que pauvres au point de vue musical. D'accord, le mouvement punk a su redonner toute son énergie au rock qui s'enlisait de plus en plus dans une diarrhée musicale de prog philcollinsien, seulement, celui-ci aura été aussi violent qu'éphémère. Bien sur il y aura des groupes aux relents de punk tout au long des eighties mais quand même...Que reste-t-il ? La new-wave ? Celle-ci engendre quelques bijoux mais elle est bien trop gavée de synthés désagreables qui ont, pour la plupart, incroyablement mal vieilli...
Là, on a encore le choix entre le retour sympathique, bien qu'un peu bourratif, du rock progressif (Marillion, IQ, Pendragon, Porcupine Tree,) mais lui aussi se noie dans des synthés indigestes. La dernière perspective, c'est le heavy metal. Et là encore, pas grand chose à se mettre sous la dent : Mötley Crüe, Judas Priest...A la rigueur les débuts tapageurs de Metallica, Motörhead bien sur, mais surtout, surtout, Iron Maiden.
Car s'il existe un groupe emblématique du heavy metal, un groupe qui a su garder sa dignité tout en se prenant à moitié au serieux et en offrant une musique à la fois violente, innovatrice, et de qualité, c'est bien la vierge de fer. Et le groupe est bien decidé à nous prouver qu'ils sont sont aussi efficaces sur scène que dans leurs nombreux albums studios de qualité (The Number Of The Beast, Piece Of Mind, Powerslave...)

Enregistré lors du World Slavery Tour (la tournée de promotion organisée pour Powerslave), le Live After Death est enregistré à la Long Beach Arena en Californie. Une pochette de mauvais gout par Derek Riggs (une des plus reussies,) une petite citation de Lovecraft ("N'est pas mort...") et on prepare ses oreilles au déluge de décibels. Tout commence pourtant calmement avec de vagues bruits d'avions, un extrait d'un discours de Churchill. Puis le pilonnage commence sans prévenir : formidable tour de force sur "Aces High", Bruce Dickinson hurle à s'en arracher les poumons. On enchaine sans faute et sans prendre le temps de saluer la foule avec les tout aussi réussis "2 Minutes To Midnight" et "The Trooper". Puis on prend le temps de souffler pendant que Bruce Dickinson salue le public (enfin !) et lance une petite vanne sur le titre du morceau suivant "Revelations" ("c'est un morceau sur la religion ou sur le lavage de voiture..." comprenne qui pourra...En tout cas ça fait reagir le public.) On a donc le droit à un "Revelations" et à un "Flight Of Icarus" sympathiques, sans plus (ils n'auraient peut être pas dû s'arrêter aprés "The Trooper", l'énergie est en baisse,) et on a même droit à un "Rime Of The Ancient Mariner" carrément poussif. Enfin la déception ne dure pas vu qu'on est recompensé de notre patience avec "Powerslave" joué deux fois plus vite que l'original. Presque punk. Et puis c'est le paroxysme : "The Number Of The Beast", "Hallowed Be Thy Name", "Iron Maiden" et "Run To The Hills" tous à la suite, sans une fausse note. L'amateur de cris desarticulés a de quoi jubiler, Bruce Dickinson est au meilleur de sa forme. On finira avec un "Running Free" écourté de 5 minutes (l'échange avec le public a été supprimé sur la version CD. Et c'est pas plus mal...)
Et pour couronner le tout le groupe se paye le luxe d'enregistrer un deuxième disque. Oh ! Pas long : cinq morceaux dont on ne dira pas grand chose si ce n'est qu'on y trouve une interpretation à la violence inégalée de "Wrathchild", une version bonne, sans plus, de "22 Acacia Avenue", une autre du même acabit pour "Children Of The Damned" et un "Phantom Of The Opera" pas très bien réussi (mais le morceau n'est de toute façon pas fait pour le live).

Note : ***

Liste des morceaux :

Premier disque :

1. Intro (Churchill's speech)
2. Aces High
3. Two Minutes to Midnight
4. The Trooper
5. Revelations
6. Flight of Icarus
7. Rime of the Ancient Mariner
8. Powerslave
9. The Number of the Beast
10. Hallowed be Thy Name
11. Iron Maiden
12. Run to the Hills
13.Running Free

Disque deux :

1. Wrathchild
2. 22 Acacia Avenue
3. Children of the Damned
4. Die With Your Boots On
5. Phantom of the Opera

Du même artiste :

Vous allez aimer :
- The Number Of The Beast
- Powerslave
- Seventh Son Of A Seventh Son
- Piece Of Mind

A éviter :
- The X Factor
- A Matter Of Life And Death
- No prayer for the Dying
- Virtual XI

LES WAMPAS: LES WAMPAS SONT LA PREUVE QUE DIEU EXISTE


Comment ce blog ose-t-il continuer? Héééé oui, à l'heure où le mot crise et sa progéniture économie sont sur toutes les bouches et en tête de sommaire de tous les journaux télévisés en manque d'imagination, cette question fondamentale se pose: le monde a-t-il réellement besoin d'un General Stars? Pour échapper aux plans de restructuration, plans sociaux et autres licenciements massifs, ledit blog a décidé d'optimiser sa production et de faire des efforts drastiques. Analysons les problèmes d'abord: on peut bien accuser les rédacteurs de "ne pas sortir des santiers battus" (dixit un commentateur particulièrement inspiré), d'être sectaires (presque que des disques de rock, c'est mal parti pour s'arrêter), racistes (que des blancs pour l'instant...), misogynes (à quelques exceptions près, pas de femmes)... Jusqu'ici, nos détracteurs pouvaient reprocher à ce blog irréprochable son manque de patriotisme; mais voilà, c'était sans compter l'imagination débordante de l'auteur de ses lignes: mesdames et messieurs, pour la première fois sur cet auguste blog, un groupe 100% pur français d'AOC, et pas n'importe lequel, s'exprimant presque intégralement dans la langue de Molière, représentant depuis 1983 aux côtés des Bérus (moralisateurs) et des Ludwig von 88 (louuuurds) les grandes heures de l'alternatif français, avec un leader charismatique, Didier Wampas, qui instaure le culte de la personnalité en concert! Que demande le peuple?

Et ce 10ème album est loin d'être le moins bon... La production de l'excellent Pelle Gunnerfelt (Hives, mais quand même aussi Second Sex...) a quelque chose d'étonnant: les wampas étant de culture punk, mais aussi française (autant influencés par Coluche que les Sex Pistols, proclame Didier qui reprend souvent "Je Suis Un Voyou"), le producteur a réussi à lui faire garder cet esprit bleu/blanc/rouge que l'on trouve sur les précédents, ce qui est un exploit pour un suédois!A l'origine du premier titre, U.N.I.V.E.R.S.AL, il y a une querelle entre le groupe et leur label, qui, pour d'obscures raisons Kapitalistes, désire absolument que l'album ait un single, et le groupe de répondre par ce jouissif EMI en V.F... Pour le reste, les textes sont toujours aussi tordants: on invoque l'esprit de Georges Marchais sur une chanson "plus sentimentale que politique", on taille les groupes imposés en première partie ("Elle Est Où Ma Loge"), on fait des déclarations d'amour aux femmes ("La Plus Belle Chanson D'Amour") et, euh, aux hommes (Mon Petit PD), on se la pète un tantinet ("Les Wampas Sont La Preuve Que Dieu Existe"), mais bon, c'est mérité. Et puis, pour vous faire baver, l'album est parfaitement défendu en live...

Note: ***

Liste des pistes:

1. U.N.I.V.E.R.S.AL
2. Je me suis noyé
3. Mon petit PD
4. I hate Switzerland
5. La plus belle chanson d'amour
6. Elle est où ma loge ?
7. Un dimanche à Strasbourg
8. Persistance rétinienne
9. Les Wampas sont la preuve que Dieu existe
10. Il n'y a que les lâches qui freinent
11. Georges Marchais
12. Je n'aime que toi
13. Nevers était si bleu
14. J'écoutais les Cramps

Sur leurs dix albums, à part peut-être les premiers, moins bien enregistrés, rien de mauvais. Le néophyte se jettera sur "Rock'n Roll Part 9", "Never Trust A Guy Who After Being A Punk Is Now Playing Electro", "Trop Précieux", ou encore "Chicoutimi", au choix... Pour qui aime l'énergie brute, "Never Trust A Live" est le traitement idéal contre la dépression nerveuse.

lundi 30 mars 2009

FAUST : FAUST


1971...Alors que Amon Düül II se plante en beauté avec Dance Of The Lemming, que Tangerine Dream impose son envolée cosmique Alpha Centauri, bref que le mouvement de la kosmiche musik fait ses premiers pas en Allemagne, apparait chez les disquaires de tout les pays un disque singulier.
En effet, le premier album du duo Allemand Faust est atypique jusque sur le support. Devant le client potentiel apparait un 33 tour transparent, dans une pochette transparente, où apparait juste la radiographie en noir et blanc d'une main humaine. Puis ces cinq lettres : Faust. Personnage de la litterature romantique allemande pour certain, le poing pour d'autre (Faust signifie "poing" en Allemand. D'où la pochette.) Le concept est génial. tout ceux qui on vu le disque à l'époque on fantasmés sur cette intriguant aperçu du rock outre Rhin.
Mais la singularité de Faust ne s'arrête pas à sa pochette. Et dés les premieres minutes d'écoute on pense immediatement à deux chose. La première : je suis en train de bousiller ma chaine, quelle horreur. En effet, "Why Don't You Eat Carrots" s'ouvre avec un horrible bruit de saturation qui peut facilement faire croire que les enceintes vont exploser.
Puis on a une illumination : ces mecs là avait une avance incroyable sur leur temps. Il suffit d'entendre le collage artisanal de "All You Need Is Love" et de "Satisfaction" pour se rendre compte que le mixage existait dans sa forme la plus primitive dans l'Allemagne des années 70.
Et puis tout le reste : ces mélodies avortées, tuées dans l'oeuf, qui durent juste assez pour devenir attrayante, pas assez pour lasser. Dés qu'on s'apprete à se lasser, le morceau change brutalement, passant du pure folklore allemand au vomissement éléctronique en passant par le pastiche de Bach. Tout ça pendant 9 minutes et 34 secondes. Puis on passe au deuxième morceau "Meadow Meal". Encore de l'experimentation, vocale cette fois. On alterne passages parlés, répétitions méthodique, en Anglais, en Allemand, tant que ça fait du bruit...
Et pour le troisième et dernier morceau, le plus long de tous (16 minutes et 36 secondes) Miss Fortune, et la c'est l'orgie éléctronique. Tout est collé de partout, gavé d'effets bizarres au synthés, le tout mené par une batterie solide qui donne de la coherence au tout.
Mais malgré toute ces qualités, l'album éponyme de Faust reste encore trop dans le hors piste avec ses trois morceaux et ses envolées éléctroniques qui écorchent les oreilles. L'amateur de musique lambda n'y verra qu'un magma informe de deformations magnetiques et de bruits même pas achevés, coupés sur le vif. Il faudra attendre l'album suivant : "So Far" qui sortira en 1972 pour que Faust atteigne son vrai chef d'oeuvre écoutable par le plus grand nombre.

Note : ***


Liste des morceaux :

- Why Don't You Eat Carrots (9 : 34)

- Meadow Meal (8 : 04)

- Miss Fortune (16 : 36)

Du même artiste :

Vous allez aimer :

- So Far

- Faust IV

- The Faust Tapes

samedi 21 mars 2009

QUEEN: A DAY AT THE RACES


Les joueurs assidus du Trivial Pursuit auront remarqué, à la longue, cette question: "Quel nom d'album du groupe Queen est tiré d'un film des Marx Brothers?" Qui voudra se la péter (et par la même occasion perdre la main, les glaireux ignares ayant conçu ce jeu n'acceptant que "A Night At The Opera" comme réponse) répondra évidemment "A Day At The Races", de 1976, moins connu que son prédécesseur cité plus haut. Il est vrai que le "A Night At The Opera" en question mérite tous les éloges. Mais il serait cruel de laisser dans l'ombre son successeur, qui offre son lot de curiosités, effort touchant d'un groupe, qui, étourdi après la réussite de ses ambitions ("Bohemian Rhapsody"), essaye, tentative désespérée, d'atteindre à nouveau ces sommets.

Le nouveau "Bohemian..." est "Millionaire Waltz". Des ponts incessants passent du ballet pianoté aux choeurs baroques en passant par le solo hard rock de rigueur, le tout survolé par la basse parfaite de John Deacon. Impérissable. Le groupe y fait vivre cette fusion du pompeux et du viscéral qui le caractérise plus que la moustache de Freddie Mercury (qu'il ne portait pas encore à l'époque). Pour preuve, la guitare caracolante de Brian May, qui atteint des hauteurs jamais vues pour un instrument taillé par son maître dans le linteau d'une cheminée... Ce guitariste, toujours propre sur lui, montre son deuxième tranchant, notamment sur le riff enragé de "Tie Your Mother Down", hymne hard rock génialissime que Slash cite parmi ses influences majeures. Bon, tout n'est pas hard, on s'en doute bien, on ne compte plus tous les morceaux nappés de chœurs "queenesques". Sur le tube "Somebody To Love", les pistes de voix sont multipliées pour ressembler un ensemble de voix gospel, et la voix toujours bluffante du Freddie donne, une fois de plus, du fil à retordre à qui voudrait l'imiter. Ce titre, numéro deux des charts (le seul de l'album, ce qui n'est déjà pas mal), joue sur la corde "émotion" en évoquant les doutes d'un homme pieux qui ne reçoit aucun amour des autres. On se plaindrait presque d'un thème aussi gnangnan, heureusement que le morceau est magnifique, ça sauve un peu le truc. D'autres curiosités se nichent sur cet album: "Long Away", folk électrique, "Drowse", féérie psyché nippée comme un "White Rabbit" glam, "You And I", génial anti-dépresseur optimiste avec juste ce qu'il faut de mièvrerie... On ne s'en plaindra pas trop, vu certaines pistes de l'album, au piano, franchement niaises ("You Take My Breath Away", "Teo Toriatte").
Cet album excellent gagne a être connu. Son seul défaut (à part les deux titres nommés ci-dessus), au fond, a été d'être paru entre les deux énormes succès que sont les albums "A Night At The Opera" et "News Of The World"!

Note:****

Liste des pistes:

Tie Your Mother Down (4.48)
You Take My Breath Away (5.08)
Long Away (3.33)
Millionaire Waltz (4.55)
You And I (3.25)
Somebody to Love (4.56)
White Man (4.59)
Good Old-Fashioned Lover Boy (2.54)
Drowse (3.45)
Teo Torriate (Let Us Cling Together) (5.54)

Du même artiste

Vous allez aimer:

-Sheer Heart Attack
-A Night At The Opera
-The Game

A éviter:

-Flash Gordon
-Hot Space

jeudi 19 mars 2009

NO AGE: NOUNS


Le Noise, ou musique bruitiste, est un paradoxe énorme: il a la puissance négligée et violente du punk, mais un côté expérimental et technique très complexe. Ce genre, au départ incompris pour le bruit vain qu'il engendrait, acquit ses lettres de noblesse vers le début des années 90 avec Sonic Youth dont des albums excellents et parfaitement accessibles comme Goo ont permis au genre de s'ouvrir à un public large. Sans doute en voyant leur succès récupéré par les jeunes fashion et leur simple nom devenir un logo aussi conventionnel que la langue des Rolling Stones, les membres de Sonic Youth retournèrent, encore sous les aplaudissements des critiques branchés, dans des expérimentations tortueuses dont la série des SYR, étranges et quasi-inaudibles, est un bon exemple. Mine de rien, il est vrai que le groupe a ouvert la voie à une version du Noise assagie et plus ouverte au vulgaire.

Le duo américain No Age s'en réclame. Formé en 2005 d'un invariablement guitariste et bassiste, et d'un batteur, il a sorti Nouns, son deuxième album, en 2008. C'est à partir de maintenant qu'il faut être méticuleux, en effet, on tient sans doute les fils de Sonic Youth dans nos mains, donc pas de gaffe! Bon, vus de loin, nos deux bruitistes sont très conventionnels: signés sur le mythique lable Sub Pop, végétaliens, ils portent comme tous leur choix politique et leur soutien actif à Barack Obama, donc, pas de danger. Vu de plus près, l'album est plus intrigant. L'ouverture, "Miner", est spectaculaire: mais dans cette explosion pour le moins abusive de guitares obèses, ce chant inaudible noyé sous les giclées acides des guitares désaccordées à la Thurston Moore, on se demande où le groupe veut réellement en venir. Il est bien plus crédible sur les singles "Eraser" et "Teen Creeps", où il montre une capacité à sortir les grosses guitares plus vite que son ombre, dans des breaks assez effarants. Mais, en outre, excepté sur les oniriques et assez recherchés "Keechie" et "Impossible Bouquet", le groupe sonne comme perdu dans la nature ("Things I Did When I Was Dead"), ou donne dans le plagiat douteux de Gang Of Four tournant au boeuf sans âme ("Here Should Be My Home").

Il aurait été bon pour ces excellents et très prometteurs techniciens de s'entourer de vrais musiciens, ou tout du moins de vrais songwriters, pour la réalisation de cet album. Quelques mélodies, par exemple, n'auraient pas été du luxe pour que ce groupe siège parmi les groupes géniaux au lieu de croupir dans la trop longue liste des groupes juste "intéressants".

Note: **

Liste des pistes:

Miner - 1:50
Eraser - 2:41
Teen Creeps - 3:25
Things I Did When I Was Dead - 2:27
Cappo - 2:42
Keechie - 3:27
Sleeper Hold - 2:26
Errand Boy - 2:41
Here Should Be My Home - 2:03
Impossible Bouquet - 2:09
Ripped Knees - 2:53
Brain Burner - 1:51

mardi 10 mars 2009

MERCURY REV : THE SECRET MIGRATION

Mercury Rev fait partie des quelques groupes actuels qui méritent réellement l'appellation de rock alternatif. Cette dernière étant souvent utilisé comme un vague synonyme de l'indie ou du punk. Enfin soyons clair, la pop completement planante que produit ce groupe, dont les pochettes sont d'un mauvais gout rarement vu, est plus qu'atypique.
Quelque part entre une britpop sage à la Oasis et une musique lyriquement malsaine (pardonnez l'expression) qui rappelle les Smashing Pumpkings, Mercury Rev a reussi à s'imposer dans le monde de la pop avec deux albums d'un calibre impressionant (Deserter's Songs en 1998 et All Is Dream en 2001. Yerself Is Steam offrait déja un bel aperçu des capacités du groupe mais demeurait encore trop experimental pour séduire le grand publique.) Et tant qu'on parle de Mercury Rev, une grande énigme s'impose : alors qu'on vénère des idoles comme Pete Doherty ou Adrien Gallo pour des voix qu'ils n'ont pas, comment se fait il que personne ne prenne Jonathan Donahue pour ce qu'il est vraiment : une sorte de mélange indefinissable entre Russel Mael et John Anderson ? Un timbre incroyablement mélancolique qui baigne constamment à demi effacé dans une atmosphère onirique

Et en 2005, Mercury Rev nous pond un nouvel album dont la pochette reste fidèle aux traditions du groupe (tout simplement immonde.) Mais quand est il du disque ?
Celui-ci s'ouvre avec le plutot reussi "Secret For A Song". Rien de révolutionnaire, juste un morceau pop énergique avec un clavier trés légérement agaçant (en plus d'effets d'ambiance qui commence à faire remachés depuis Deserter's Songs...) Même remarque pour "Across Your Ocean" et "Black Forest." Un morceau pas vraiment reussi vient se caser entre ces deux derniers ("Diamonds".)
On a encore le droit à une bonne composition avec "Vermilion" (dont certain diront avec humour que c'est du grunge : couplets deprimants et refrain violents. Enfin n'allons pas jusque là quand même,) puis l'album part dans tout les sens. Entre la pop gentillette de "In The Wilderness", ou le morceau carrement chiant ("In A Funny Way",) l'essai folk ambiant mitigé avec "Moving On", on aura quand même le droit au trés reussi "First-time Mother's joy" avant de finir l'album en s'endormant ("Down Poured The Heaven".) On a du mal à trancher entre la comptine pour enfant et la prière du soir. Heureusement cette dernière ne fait qu'une minute et trente six secondes...

Note : **1/2

Liste des morceaux :


1. "Secret for a Song" – 4:01
2. "Across Yer Ocean" – 3:20
3."Diamonds" – 3:51
4. "Black Forest (Lorelei)" – 4:46
5. "Vermillion" – 4:07
6. "In the Wilderness" – 2:32
7. "In a Funny Way" – 4:02
8. "My Love" – 4:14
9. "Moving On" – 1:20
10. "The Climbing Rose" – 3:19
11. "Arise" – 3:49
12. "First-Time Mother's Joy (Flying)" – 3:31
13. "Down Poured the Heavens" – 1:36

Du même artiste :

Vous allez aimer :
- Yerself Is Steam
- Deserter's Songs
- All Is Dream

A éviter :
- Snowflakes Midnight
- Strange Attractor

dimanche 8 mars 2009

THE ONLY ONES : THE ONLY ONES


Les Only Ones, "les seuls" en français, c'est bien ce qu'ils étaient: diamant dans la fange punk anglaise, ils n'auraient pu être qu'un groupe punk parmi tant d'autres... Et c'est bien ce qu'ils sont devenus. Aux yeux du public, bien sûr. Cependant, aux yeux des historiens, il est bien clair que nous sommes face aux Television anglais. Les Only Ones, bien qu'ayant connu plus de drogues et moins de succès, ont ceci en commun avec eux de s'être grandement éloignés du simplisme des trois accords du punk, et, surtout, de sortir de toutes sortes de cases: pas assez saturé pour être vraiment punk, pas assez sombre pour être vraiment new wave, pas assez définissable pour être vraiment alternatif, on va juste dire rock. Bref, un junkie au chant, et aux tenues excentriques: Peter Perett, qui, comme Syd Barrett ou Ray Davies, a eu un succès moindre mais une influence qui dépasse l'arabe du coin; Il suffit de regarder le nombre de reprises qui ont été faites de "Another Girl, Another Planet": Replacements, Beatsteaks, Libertines puis Babyshambles, Blink 182 (on n'a pas dit que toutes valaient l'originale, hein...)... Voilà encore un groupe qu'il fait bon réduire à une seule chanson, comme en leur temps Troggs, Kingsmen, Thrashmen...

Mais bon, à vrai dire, ladite chanson le mérite: nous sommes face au plus beau morceau jamais écrit sur la drogue, où Perett a un chant de Lou Reed prépubère et rêveur ("rêveur" est antonyme avec "Lou Reed", enfin bon). la musique, entre l'urgence punk et les synthés stratosphériques new wave, on valdingue avec la guitare clairvoyante de John Perry (qu'il ne faut pas confondre avec Joe Perry, un autre style) avec un solo magnifique où le tapping est justement dosé... Cette chanson a éclipsé le reste de l'album, dont il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un des petits chefs-d'oeuvre anglais de 1978, se démarquant franchement du lot, arrivant à faire peur ("The Beast", "Creature Of Doom"), déprimer ("Breaking Down"), se battre ("City Of Fun"), rêver ("No Peace For The Wicked"), voire se prendre à faire l'amour ou faire joujou avec la seringue. Mais laissons le sex & drugs de côté. Les jours où on tombe sur des albums comme celui-ci, le rock n' roll sufit pour vivre.

Note:****

Liste des pistes:

"The Whole of the Law" – 2:38
"Another Girl, Another Planet" – 3:02
"Breaking Down" – 4:52
"City of Fun" – 3:32
"The Beast" – 5:47
"Creature of Doom" – 2:35
"It's the Truth" – 2:07
"Language Problem" – 2:28
"No Peace for the Wicked" – 2:51
"The Immortal Story" – 3:57

Ce groupe a fait trois albums. Le deuxième, "Even Serpents Shine", est assez bon: "Baby's Got A Gun" est hélas ruiné par une production foireuse. Les trois albums ont (enfin) été réédités au début de l'année, à l'occasion d'une reformation, qui sera sans doute suivie (il est bon de se faire des illusions) d'un ou deux concerts en France?