mercredi 23 septembre 2009

DEEP PURPLE : MADE IN JAPAN


1972. Japon, Osaka, le 11 août. Une masse d'individus nippons se pressent devant la salle de concert. C'est la première date de la tournée de Deep Purple, "made in japan". Roger Glover ne pouvait plus supporter les bootlegs qui circulaient clandestinement au Japon, ce qui le décida à faire une série de live au pays du Soleil Levant. Ce qu'il ignorait alors, c'est que cette tournée serait à l'origine d'un nombre fantastique d'enregistrements pirates... La qualité exceptionnelle des concerts en est probablement la cause...

Un clavier croulant sous les câbles, des amplis de taille d'homme sont sur scène... La soirée s'annonce bien ! Soudain, dans l'obscurité de la salle, le groupe débarque, fait une présentation à peine moins pompeuse que celles d'Emerson, Lake and Palmer et joue.

L'album "made in japan" contient de très bons enregistrements de ces concerts mais... dans le désordre. D'un morceau à l'autre, il ne sera pas rare de passer d'une ville à une autre. Ce qui n'est nullement gênant dans l'écoute, la qualité de l'enregistrement et la forme des artistes étant les mêmes. Deep Purple est un groupe capable de passer aisément d'un morceau de hard rock à un morceau plus progressif, voire expérimental... Le niveau de jeu des musiciens n'est plus à prouver, et ils ne cessent de nous impressionner par leurs prouesses musicales.

A chaque instant on sent l'enthousiasme du public, qui salue chaque nouveau titre ou improvisation par un murmure d'approbation, des applaudissements non retenus, ou par des hurlements fanatiques (plus rares, les japonais savent bien se conduire...). Quand J. Lord ne nous éblouit pas avec un solo de clavier impressionnant, Blackmore nous joue des riffs à succès sans la moindre faille, Plaice nous fait un solo de batterie de neuf minutes, ou Gillan nous éblouit avec sa voix extraordinaire. Cet homme, ou plutôt ce monstre du chant parvient sans la moindre difficulté à sauter deux à trois octaves avec la plus grande justesse, à monter comme il le désire son ton de voix dans les plus hauts aigus ou à le descendre jusqu'à un niveau plus que convenable. Ainsi, il chante d'étonnante manière en duo avec la guitare (Lazy). Cette dernière semble lancer un défi à sa voix, en jouant un court riff, puis en laissant la seconde reproduire les mêmes tonalités. Ils montent tous deux dans la gamme jusqu'à un niveau très élevé. A l'issue de ce duel, Gilles pousse deux hurlements suraigus et interminables qui créent une vague de vibrations surprenante, ce qui clot la magnifique démonstration du chanteur. Au cours de l'album, il fera à de très nombreuses reprises usage de sa voix comme instrument (non pas en faisant une série de bruits étranges àla Mike Patton, mais en tant que véritable source de puissance, de tonalité).

Plaice, à Tokyo, le 17 août, joua une improvisation de son cru aux percussions. Des rythmes complexes s'enlacent, se séparent, plongeant les auditeurs au plus profond du possible rythmique réalisable. Souvent, un solo de batterie, surtout aussi long (neuf minutes!) ne tarde pas à noyer dans un ennui profond les spectateurs. Ici, à aucun instant on ne peut prétendre ne pas être emporté par la vague rythmique propagée par Plaice. Il change sans arrêts et avec talent de rythmes, provocant suspense, émotions fortes et explosions musicale, démontrant aisément la qualité de ses performances et sa capacité à mettre toutes ses émotions dans un solo de batterie.

Deep Purple fait preuve d'originalité, avec ses nombreux solos, ses sons originaux et inédits, tout en revenant sur ses vieux classiques, le tout dégageant non seulement une perfection indéniable dans leur jeu, mais aussi des émotions fortes pour tous ceux qui aiment un tant soit peu leur production. Un groupe exceptionnel, donc, à l'origine d'une tournée qui ne l'est pas moins, le "made in japan".

Cet album double CD, retranscrivant les plus intenses moment de la tournée de Deep Purple au Japon, avec un enregistrement impeccable, et un jeu extraordinaire, mérite plus que largement quatre étoiles et demi.

****1/2

Liste des morceaux :

CD 1 : Made In Japan

1. Highway Star (6.42)

2. Child In Time (12.18)

3. Smoke On The Water (7.37)

4. The Mule (drum solo) (9.28)

5. Strange Kind Of Woman (9.52)

6. Lazy (10.27)

7. Space Truckin' (19.53)

CD 2 : The Encores

1. Black Night (6.17)

2. Speed King (7.25)

3. Lucille (8.03)

Du même artiste :

-Deep Purple In Rock

-Fireball

-Machine Head

lundi 21 septembre 2009

ROBERT WYATT & FRIENDS : THEATRE ROYAL DRURY LANE 8TH SEPTEMBER 1974

Il y a des gens particulièrement agaçants dans la vie. Tenez, Robert Wyatt par exemple. En quarante deux ans de carrière, l'anglais qui se plaignait d'être trop petit en 1968 ("Why Am I So Short") a réussi à officier quatre ans dans l'un des groupes les plus intéressants de la scène de Canterbury, quitter ce dernier juste avant que celui-ci ne tourne mal (En passant, ceci pourrait peut être expliquer cela...) monter les très sympathique Matching Mole, entamer une carrière solo sans son groupe ni ses jambe. Sortir le titanesque Rock Bottom et finir tranquillement en alignant une petite dizaine d'album solo tous aussi réussis les un que les autres entrecoupés d'EPs forts sympathiques, (voila pourquoi il vaut mieux se procurer la Robert Wyatt Box Set pour une somme scandalisement basse plutôt que de se ruer bêtement sur le coffret des remasterisations Beatles dont le prix en mono semble destiner l'objet à une transmission précieuse de générations en générations...) Et ce qu'il y a de plus agaçant, c'est que tout ça Wyatt le fait avec le sourir et une modestie presque louche. Enfin, on lui pardonne facilement vu la qualité de ses œuvres. Il manquait une chose à Robert Wyatt : un enregistrement live.
Enregistrer un concert d'un artiste comme Robert Wyatt est un véritable défi pour n'importe quelle ingénieur du son. D'abord, retranscrire l'émotion pure qui se dégage du timbre particulier de l'homme pourrait sembler quasi impossible (même si les albums studios auront prouvés le contraire.) Ensuite, reproduire sur scène un album comme Rock Bottom dont l'ambiance est une des clés de voute relève de l'irréalisable.

Pas étonnant alors que les enregistrements live de l'ancien batteur des Soft Machine ne courent pas les rues. Avant 2005, tenter d'entendre l'énergumène était particulièrement ardu : Quelques rares bootlegs en vue sur toute la toile, et encore il fallait chercher et la plupart bénéficiaient d'une qualité médiocre. On a bien les Peel Sessions de 74 mais dire que les quatre morceaux de ce maigre EP laissaient l'auditeur sur sa faim est un bel euphémisme. Autant dire que la sortie de l'enregistrement du 8 septembre 1974 pris au Royal Dury Lane Theatre à Londre édité en 2005 était plus que la bienvenue.

Les notes de la pochette nous apprennent rapidement qu'il y eu deux concert au Royal Dury Lane Theatre mais que le disque présent ne contient que le premier. Et si l'on compare avec la version bootleg antérieur deux morceaux sont absents...Ca commence bien...
Mais le petit barbu n'a pas fait les choses à la légère pour cette soirée. Le concert est un véritable diner de célébrités (d'où le nom de l'article : Robert Wyatt & Friends".) De Hugh Hopper à la basse, à Nick Mason derrière les futs, en passant par Mike Olfield à la guitare, Robert Wyatt est bien entouré et force d'admettre que les invités ne se contentent pas de faire de la figuration.

En parlant de célébrité, c'est avec une introduction de John Peel que s'ouvre le disque. Deux, trois traits d'esprits adressés au public qui de toute évidence les trouvent hilarante (une histoire de bar fermé. Allez comprendre...C'est des anglais après tout...) et Wyatt ouvre un set éclectique, piochant dans son répertoire personnel aussi bien que dans celui des Soft Machine ou des Matching Mole. De la version torturée et volontairement dissonante de "Dedicated To You But You Weren't Listening" à la reprise des Monkees, "I'm A Believer", en passant par "Instant Curtain", Wyatt présente un rapide résumé de sa carrière et interprète Rock Bottom en entier sans une fausse note. On découvre une nouvelle facette de cette voix extraordinaire, plus profonde, plus émouvante, qui nous prends par le cœur dés le poignant "Memories" pour ne plus nous lâcher jusqu'à le dernière note de"Alifib", le final "Little Red Robin Hood Hit The Road" sera joué en avant dernier morceau, juste avant "I'm A Believer" où le batteur de Pink Floyd fait des merveilles. Bien sur, entretemps on aura eu le droit au chiantissime "Mind Of A Child" de Julie Tippets.

Hélas on aura vite fait de constater l'immense faille de cet enregistrement live : plus ça va et plus la qualité du son devient médiocre. Impossible de ne pas ressentir une frustration immense en écoutant ce superbe "I'm A Believer" honteusement gaché par une saturation incessante et une voix à peine audible qui ferait passer n'importe quel bootleg de bas étage pour un chef d'œuvre de qualité sonore (dommage, la petite fanfare est pourtant bien sympathique), d'abandonner cet incroyable "Little Red Robin Hood Hit The Road" pour les mêmes raisons. La moitié d'une performance gâchée par un ingenieur du son incompétent (et aussi par Julie Tipetts...Bon d'accord, on admettra que son intervention sur "I'm A Believer est la bienvenue mais vu que le morceau est inaudible...)

Note : ***

Liste des morceaux :

1. Introduction By John Peel
2. Dedicated To You But You Weren't Listening
3. Memories
4. Sea Song
5. A Last Straw
6. Little Red Riding Hood Hit The Road
7. Alife
8. Alifib
9. Mind Of A Child
10. Instant Pussy
11. Signed Curtain
12. Calyx
13. Little Red Robin Hood Hit The Road
14. I'm A Believer

Du même artiste :

Vous allez aimer :

- Rock Bottom
- Shleep
- Dodenstan
- Comicopera

Rien à éviter dans la carrière Robert Wyatt...

dimanche 20 septembre 2009

PORCUPINE TREE : THE INCIDENT


A la pochette floue de l'album, nous pouvons établir un pronostic sur la concision des morceaux. Quand on regarde la liste des morceaux, on commence à deviner le genre de l'album. Un morceau d'environ cinquante minutes en quatorze parties pour le disque un, et un quart d'heure répartit en quatre morceaux sur le disque deux. Enfin, à l'écoute de la première piste, les doutes sont dissipés : il s'agit bien de rock progressif !

Ce nouvel album de porcupine tree, datant tout juste de 2009, fera découvrir à ses auditeurs une nouvelle série de sons inquiétants, étranges, colériques... sans la moindre trace de joie. Du soulagement, parfois, est perceptible, mais rapidement remplacé par de la tristesse, ainsi que par d'autres sensation négatives. Cet album est parfaitement dans la lignée de "the fear of a blank planet". On y trouvera de nombreuses similitudes au niveau, notament, de l'ambiance.

"The Incident" débute par le morceau du même nom. L'auditeur se sent immédiatement aggressé par un unique mais violent accord. Suivit d'un silence, troublé par des bruits, plus que des sons, qui provoquent un sentiment de malaise. De nouveau, un accord. Vous l'avez compris, le morceau nous met mal à l'aise par l'opposition entre bruit profond et violent et silence ponctué par un "on ne sait quoi" effrayant. Dans tout l'album, sans relachement, c'est ce sentiment désagréable qui nous engloutit.

Les rythmes différents se succèdent, éphémères, et l'angoisse est accentuée par la venue de la voie de Steven Wilson, parfaitement adaptée à l'ambiance qui se dégage de la musique. Les synthétiseurs produisent des sons simples mais subtiles, remplissant de fond sonore de toujours plus de tonalités inquiétantes, tandis que la guitare et la basse tonnent, avec toujours plus de sauvagerie grave, sous les doigts épais de Colin Edwin et de Steven Wilson. Enfin, Gavin Harrison nous subjugue avec des ryhmes tantôt lents et calmes, suivis (de façon très surprenante !) de coups portés avec la plus grande violence sur sa batterie...

La recette est simple, très simple... mais efficace. Les artistes dans la composition, jouent avec les nombreuses oppositions entre les rythmes. Ils produisent des riffs calmes et angoissants suivis d'accords lourds et effrayants. La voix vient compléter et même amplifier le tout, en inquiétant toujours plus les auditeurs. Et surtout, on peut apprécier les silences, plus ou moins longs, placés dans les morceaux de façons stratégiques, qui ont pour objectif ( atteint avec brio ) de surprendre et de faire peur.

Cependant, c'est aussi ce que l'on peut reprocher à cet album. Bien que réussi, il utilise toujours les mêmes méhodes, précisées ci dessus, afin de captiver ses auditeurs. Ainsi, si l'on se laisse agréablement surprendre par certaines fins de morceaux ( voire par les morceaux en eux mêmes), on finit malheureusement par anticiper les suivantes, ce qui coupe une partie du plaisir de l'écoute. Mais il y a heureusement suffisamment de variantes pour impressioner les amateurs ou les fans.

On l'aura compris : c'est bel et bien une ambiance autant inquiétante qu'angoissante qui se dégage de l'album. Mais on peut y percevoir une certaine réserve. La voix et le(s) synthétiseur(s) composent une sorte de bulle parfois percée par un violent mélange violent de basse et de guitare. Cette bulle semble nous masquer un fond plus terrible encore, sans nous le dévoiler complètement. La composition est agencée de façon à nous laisser imaginer ce qu'il y a derrière, ce qui créé un nouveau charme assez original à l'album...

Cette réserve est en partie due aux sujets des morceaux. Quand ces derniers ne nous convient pas à une scéance de spiritisme ("The Séance"), ils nous laissent entrevoir un monde sombre, celui des aveugles ("The Blind House") comme celui de la mort, avec le morceau qui a donné son nom à l'album : "The Incident". On peut ainsi imaginer que ce recueil de morceaux est dédié aux oubliés de la société, à ceux qui sombrent dans la folie après avoir perdu un être cher, comme aux malheureux qui ont sombré dans un funeste incident de la route... Ces thèmes expliquent aisément la raison de la présence de l'angoisse, de la violence exprimés dans la musique de Porcupine Tree.

Selon les critères exposés dans cet article, je décide de ne mettre que trois étoiles au lieu de quatre pour The Incident de Porcupine Tree, en raison de la répétition légèrement lassante sur la fin de la méthode de composition.

***

Liste des morceaux :

1. The Incident.

i. occam's razor (1.55)
ii. the blind house (5.47)
iii. greats expectations (1.26)
iv. kneel and disconnect (2.03)
v. drawing the line (4.43)
vi. the incident (5.20)
vii. your unpleasant family (1.48)
viii. the yellow windows of the evening train (2.00)
ix. time flies (11.40)
x. degree zero of liberty (1.45)
xi. octane twisted (5.03)
xii. the séance (2.39)
xiii. circle of manias (2.18)
xiv. i drive the hearse (6.41)

2. flicker (3.42)
3. bonnie the cat (5.45)
4. black dahlia (3.40)
5. remember me lover (7.28)


Si vous avez apprécié cet album, vous allez aimer :

-Fear of a Blank Planet
-Coma Divine

mardi 8 septembre 2009

MR BUNGLE : DISCO VOLANTE


L'érudition musicale est quelque chose de terrible. Tenez vous en éloignez autant que vous le pouvez, avertissez vos voisins, protégez vos enfants de ce monstre ingrat. Et si un jour vous la croisez au détour d'une sombre ruelle (enfin faut le faire, le chemin de la musique grand publique est tellement bien éclairé qu'on ne distingue que lui...) dites adieu à toute forme de vie sociale.
Oh, pourtant, tout avait bien commencé : vous étiez la référence en matière de musique. Celui (ou celle, c'est au choix) à qui l'on pose cette question qui sonne si douce à vos oreilles si vous possédez un minimum d'amour propre. Vous savez, le fameux : "Dis nous, toi qui t'y connais bien en musique...". Époque bénie où vous dévoiliez au compte-goutte votre immense culture et embrigadiez vos amis dans l'armée des fanatiques de Deep Purple, Led Zeppelin, David Bowie, et autre "classic rock". Puis un jour vous avez découvert des termes comme "rock progressif", "musique alternative", "rock expérimental", "krautrock", "drone" et autres hautes sphères musicales réservées à un auditoire d'initié. Bien sur, remplit de votre nouveau savoir transcendantale, exultant, vous avez voulu partager ces dons du ciel avec vos amis bien aimés. Mais vous vous êtes heurté à une indifférence des plus totale, voire à des réactions violente : "ça de la musique ! Du bruit plutôt... Comment tu dis que ça s'appelle ? Faust ? Aucun intérêt je te dis !". Désemparé et dans l'incompréhension la plus totale vous avez alors mis ces fameuses lunettes carrés (celles que portent les geeks), abandonner tout espoir d'être un jour compris et vous avez atteint en solitaire le summum de la musique marginale : du death metal expérimental...Mon Dieu vous êtes tombés bien bas...

Mais non ! Pas du death metal ! Marre de la dictature Fnac/Virgin : Disco Volante est aussi à sa place dans le rayon heavy metal que le serait Reign Of Blood de Slayer dans le rayon Jazz/Musique du monde. Bon soyons honnête et compatissant. Classer le deuxième album de Mr Bungle doit souvent être gardé en réserve pour le bizutage des petits nouveaux. Enfin c'est vrai ! Vous le classeriez où vous l'album qui mélange jazz, musique traditionnelle italienne, death metal, musique expérimentale, musique bruitiste, techno, bruitages samplés dans tout les coins et, euh...Séquence pornauditive pédophile...?
Nous voila donc d'accord, classer Disco Volante n'est pas dur mais impossible. Maintenant la réponse à la question qui devrait torturer n'importe quel esprit normalement constitué après la lecture d'une telle mise en bouche : les tarés qui ont pondus Disco Volante répondent au doux patronyme de Mr Bungle (la question étant "mais qui sont les tarés qui on pondus un truc pareille ?). Parmi les musiciens (mais peut on encore appeler ces gens des musiciens...?) un nom ne doit pas vous être inconnu (souvenez vous, vous êtes des érudits associables.) Ce nom c'est celui de Mike Patton. Et au cas où celui ci ne ferais rien remonter à la surface bouillonnante de votre matière grise, on peut s'accorder un petit rappel : Mike Patton doit en grande partie sa notoriété grâce au groupe de métal alternatif (des classifications bizarres, encore des classifications bizarres...Ça n'a donc pas de fin ?) Faith No More. Chanteur hors paire le jeune Patton est une des rares personnalités de la musique populaire actuelle à tenter tout et n'importe quoi (de l'inécoutable Adult Themes For Voices, au génial Director's Cut avec son supergroupe Fantômas.) Des innombrables œuvres de Mike Patton, Disco Volante est la deuxième, Mr Bungle étant son premier groupe. Pour le reste on ne retiendra aucun musicien si ce n'est Trey Spruance pour ses délirants Secret Chiefs 3.

Soyons honnête, écouter Disco Volante en entier sans s'accorder de pause relève tout bonnement de l'exploit. "Un deuxième Metal Machine Music ?" me demanderais vous. Ce à quoi je répondrais un truc un peu emphatique comme : "Que nenni, les pistes, malgré les apparences, ne demande qu'a être écoutés individuellement." En effet, si le disque supporte très mal l'écoute continu c'est en grande partie due au rythme en permanente mutation qui empêche de faire de distinction précise entre les morceaux. Il va de soi qu'une pause d'au moins cinq minutes entre chaque piste vous aidera grandement à apprécier l'ensemble de l'œuvre à sa juste valeur. En effet, Disco Volante est d'une richesse jamais vue : en plus d'être un véritable pot pourri d'influence, on en découvre un peu plus à chaque fois, entre les samples omniprésents et les séquences instrumentales parfaitement maitrisées, quoique déroutantes. La force de ces dernières étant qu'elles reposent la plupart du temps sur l'auto-parodie. Comment oublier le jazz hilarant de "Carry Stress In The Jaw", ne pas rire en entendant le synthé saturé jusqu'à la nausée de "Desert Search For Techno Allah" se mélanger parfaitement avec un air typiquement arabe. Mariage aussi incongrue que réussi. "Violenza Domestica" vaut le coup rien que pour entendre Mike Patton parler Italien (une expérience que vous n'entendrez qu'une fois...) "After School Special", morceau aussi cruel que naïf, constitue la pièce la plus accessible et la plus déstabilisante du lot (peut être à cause de la triste évidence de ses paroles.) Si vous n'avez jamais entendu Patton faire des choses bizarres avec sa bouche (savez vous que votre esprit est incroyablement mal tourné ?) "Ma Meeshka Mow Skwoz" (non ce n'est pas un morceau de Magma,) vous présente l'occasion rêvée. Et pour ceux qui voulaient du death metal, de celui qui tape et hurle bien fort à la Sepultura (aprés tout c'étais dans le rayon metal, merde !) ils en auront pour leur argent dans le morceau finale (mais comme toujours ils devront s'ouvrir à beaucoup d'autres genres pour arriver à trouver leur bonheur...)
Disco Volante surprends, déstabilise, gêne, énerve, agace, choque. Dites ce que vous voudrez sur le deuxième opus de Mr Bungle mais ne dites pas qu'il vous laisse indiffèrent...
En fait on aurais du s'attendre à ça depuis le début : cette pochette ! Mais bien sur, une référence évidente à "Un Chien Andalou". Vous savez, la scène de l'oeuil et du rasoir. Disco Volante c'est ça : une oeuvre Dalienne, surréaliste, un miroir déformé qui nous renvoie réel effrayant et surprenant. Un univers pas si loin du notre tout compte fait...

Note : ****

Liste des morceaux :
  1. Everyone I Went to High School With Is Dead
  2. Chemical Marriage
  3. Carry Stress In The Jaw
  4. Desert Search for Techno Allah
  5. Violenza Domestica
  6. After School Special
  7. Phlegmatics
  8. Ma Meeshka Mow Skwoz
  9. The Bends
  10. Backstrokin'
  11. Platypus
  12. Merry Go Bye Bye

Du même artiste :

Vous allez aimer :
- Mr Bungle
- California

Mr Bungle n'ayant sortit que trois albums, tous dans un style different, rien de mauvais à signaler.