samedi 11 septembre 2010

DEATH IN JUNE : ABANDON TRACKS!




L'un des groupes les plus éminents du neo-folk (ou Dark Folk, selon les écoles de pensée) est Death in June - DIJ pour les intimes. Bien que la bande ne se soit pas prononcée à ce sujet, l'on peut imaginer, étant donné ses positions politiques, que le nom est une habile référence aux assassinats des SA par leur récents confrères SS à l'issue de la Nuit de Cristal, quelques heures particulièrement sanglantes en Juin. Death in June se revendique nationaliste, ainsi leurs pochettes sont régulièrement marquées d'outils militaires - avec une affection toute particulière pour les chars d'assaut - et le costume du chanteur Douglas, traditionnellement composé d'un treilli à capuche, de lourdes et noires bottes de cuir, ainsi que d'un masque nacré qui n'exprime pas une joyeuseté significative... Bref, le groupe exprime clairement ses opinions, y compris à travers une citation plutôt longue de Yukio Mishima, auteur et politicien nippon aux idées et positions similaires notamment connu pour "La musique", un ouvrage révélateur sur la société de son époque, à l'instar du reste de son oeuvre. A noter qu'il s'est suicidé devants les médias par la méthode barbare mais néanmoins traditionnelle au Japon : le Seppuku. DIJ fait ainsi ressortir un personnage aux opinions fortes, et il ne serait pas impossible que Douglas s'assimile à lui à travers sa musique.

Abandon Tracks. Un nom explicite : les versions des morceaux issus de ce disque n'étaient pas de nature à apparaître en album, concept qui suggère une certaine continuité entre les différentes pistes. Heureusement, nous pouvons à présent en bénéficier grâce à cette compilation, qui regroupe des extraits musicaux de tous azimuts. Ainsi le CD commence avec un morceau instrumental très clair, sans brouillage ni friture, pour enchaîner avec un titre plus expérimental, calquant DIJ sur fond de sample d'opéra ou de musiques culturelles traditionnelles. On observe de nouveau le talent du groupe à exécuter une musique simple dans les règles de l'art suivie d'un bordel tonal fascinant... On a droit à la voix grave, veloutée et surtout agréable de Douglas nature... puis modifiée grâce aux merveilleux accessoires que l'on est aujourd'hui en mesure de fabriquer. Voici un mélange étonnant d'instruments modernes confondus aux outils acoustiques simples, guitare sèche par exemple... Le résultat n'est cependant pas détonnant, car il conserve une certaine douceur, rejetant toute forme de brusquerie, réduisant considérablement jusqu'aux percussions, réelles ou virtuelles, et si une boîte à rythmes vient parfois troubler le calme de DIJ, ce n'est qu'une onde temporaire qui s'estompera rapidement. La ligne sonore ne se complexifie que rarement, et on garde finalement une musique ethérée, qui ne surprend pas par de soudaines violences incongrues dans le contexte, mais par un son étudié et épuré.

Cependant, en tant que compilation, Abandon Tracks comporte quelques problèmes qu'il nous faut à présent évoquer. En effet, l'usage de matériel électronique ne se légitime pas systématiquement. Ainsi, il arrive que le morceau soit tellement éthéré à force de bidouillage non justifié qu'il en devienne incompréhensible musicalement parlant. Il s'agit du même effet que ferait une longue phrase ampoulée dans un écrit : il se peut que le lecteur finisse par oublier et confondre le sujet et d'autres compléments à force d'enluminures. La sensation est ici similaire : ces "enluminures" musicales paraissent superflues et inutiles, gâchant la simplicité du morceau, qui en faisait sa beauté à l'origine. Mais il ne faut pas non plus généraliser, cette difficulté auditive n'est que quelques fois rencontrée dans le disque. Quelques titres comportent un autre problème, à savoir le revirement du compositeur dans un domaine purement expérimental, voire bruitiste, dans lequel Death in June n'a pas toujours sa place. Le plaisir disparaît alors pour laisser place à une pénible sensation d'agressivité auditive, nuisant au titre de façon significative...

Si tout n'est pas doré dans cette compilation, elle n'en demeure pas moins un excellent recueil musical au nom de Douglas, dont les performances artistiques font probablement frémir bon nombre de groupes de neo-folk ou d'indus de par la réflexion et la beauté simple injectées dans les différents morceaux, qui s'agglutinent sans aucune suite logique pour former un amas très Death in Junien qui fera le plus grand plaisir des fans et des collectionneurs du genre. A ne pas rejeter, donc, et à apprécier comme le reste des créations du musicien.

Note : ***1/2

Liste des morceaux :

1. The Concrete Fountain
2. The Only Good Neighbor
3. 13 Years Of Carrion
4. Burn Again
5. My Black Diaries
6. Punishment Initiation
7. We Said Destroy
8. Europa Rising
9. Rocking Horse Night
10. Death Of A Man
11. Passion! Power!! Purge!!!
12. My Black Diary
13. In Sacrilege
14. Many Enemies Bring Much Honour
15. Unconditional Armistice
16. Europa : The Gates Of Heaven And Hell

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