samedi 27 juin 2009

PORCUPINE TREE : FEAR OF A BLANK PLANET

C'est bien connu, à la question "Plutôt Beatles ou plutôt Rolling Stones ?" tout mélomane qui se réspecte fera une jolie pirouette et en repondant avec un sourire au coin des levres "plutôt Kinks..." Et puisque les comparaisons entre differents groupes (qui n'ont parfois rien à voir et demeure donc incomparables : The Who vs Velvet Underground, Iggy Pop vs Bowie !) laissons nous prendre au jeu : à la question qui agite les cercles de la musique souterraine peuplés de sympathique geeks "Plutôt Tool ou plutôt Mars Volta ?", on repondra "plutôt Porcupine Tree".

Commençont par une révélation pour ceux qui croyaient le rock progressif mort et enterré à la fin des seventies, le rock progressif n'a pas clamsé : il a hiberné pour mieux muer (comme dans The Thing de Carpenter. Entre geeks on se comprends.) Il y a bien eu deux ou trois blagues durant les années 80 (Marillion, sympathique malgré des nappes de synthés parfois franchement gerbantes...Quand à IQ et Pendragon peu de gens en ont jamais vraiment entendu parler...Pour Kansas et Boston, essayont d'oublier que ça a existé...) mais le vrai retour du prog se fair dans le courant des années 90 avec des groupes tels que Radiohead (sur OK Computer), Archive (même si ce dernier lorgnait plus sur le trip-hop), et Porcupine Tree...

Porcupine Tree est l'oeuvre d'un homme : Steven Wilson qui dés 1991 va proposer une musique d'ambiance. Curieux mélange entre les années Electronic Meditation de Tangerine Dream et les experimentations de Gilmour et Waters sur Wish You Were Here. Le groupe s'impose définitivement comme un classique du genre en 1995 avec le superbe The Sky Move Sideways.

Mais la sortie de In Absentia en 2002 va provoquer un schisme dans la communauté des fans de Porcupine Tree. Ce dernier album incorpore en effet des éléments metalliques que certains fans trouverons mal maitrisés et gratuits. C'est dans cette veine de "metal progressif" que sort en 2007 le neuvième album de l'Arbre à Porc-Epic : Fear Of A Blank Planet. Le titre est il une référence explicite a l'excellent Fear Of A Black Planet du groupe de hip hop américain Public Ennemy ? Le mystère reste entier... Quoiqu'il en soit il définit parfaitement la musique que propose Porcupine Tree : fini les paysages sciences-fictionnesques des années 70, fini les références à Tolkien et les textes poético-mystiques incomprehensibles de Yes et fini les épuisantes reprises de morceaux classiques à la Emerson, Lake & Palmer... Oui, on est toujours dans la science fiction, mais une science fiction pessimiste à la Aldous Huxley qui n'est que le reflet de notre temps. Oui c'est toujours du rock progressif, mais celui-ci est plus inspiré par Red que par In The Court Of The Crimson King... Ici tout n'est que désilusion et déception : l'été est passé, le rock progressif c'est bien amusé. Il est temps de lui donner un caractère plus serieux. Le titre éponyme est une parfaite représentation de cette philosophie qui transparait dans tout l'album : une musique froide, nihiliste, sans espoir. C'est Ian Curtis qui aurais decouvert qu'en plus d'avoir une vie horrible, il est loin d'être le seul à pouvoir se plaindre. Est ce que tout ça tient debout ? Quel sens a un monde où les gamins se droguent et sont vampirisés par des écrans ? Tout cela est il réel ? "How can I be sure I'm here ? /Pills that I've been taking confuse me...". "Fear Of A Blank Planet" est un morceau décapant, un marteau piqueur cérébral dans où Steve Wilson sait parfaitement où, quand et comment décocher les indispensables riffs métalliques on ne peut plus libérateurs, eux aussi froids et remplis d'une violence désesperée. L'incroyable performance de "Fear Of A Blank Planet" se retrouvera dans la pièce maitresse de l'album : un morceau de plus de 17 minutes nommé "Anesthetize" qui joue à la perfection entre les accents métalliques nouvellements acquis, des passages plus pop et des sequences atmosphériques du Porcupine Tree des débuts.
Entretemps la ballade "My Ashes" aura donné le temps à l'auditeur de souffler. Puis on enchaine avec un "Way Out Of Here" qui n'est pas sans rappeler "Sleep Of No Dreaming" présent sur Signify (1996). On note au passage la participation bienvenue de Robert Fripp. Puis c'est le final sur "Sleep Together", ses boucles de synthés à la Neu! (le groupe a déjà repris Hallogallo à l'époque de Signify) et son refrain saturé et oppressant. Le morceau se termine sur ces faux arrangements pour orchestre joués au synthés...On vous l'avait dis : Tout cela est il réel ?

Qu'est ce que le rock progressif en 2009 ? Le genre s'est dilué et se retrouve autant dans l'éléctro qu'au sein de la musique contemporaine et du post-rock. Mais si il faut avoir plus de 30 ans pour connaitre la signification du mot "rock progressif", on peut, sans aucune témerité, affirmer que Porcupine Tree est sur le point de redonner au genre ses lettres de noblesse. Si ce n'est pas déjà fais...

Note : ****

Listes des morceaux :


1. Fear of a Blank Planet
2. My Ashes
3. Anesthetize
4. Sentimental
5. Way Out of Here
6. Sleep Together

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Vous allez aimer :
- Signify
- In Absentia

A éviter :
- Metanoia

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