lundi 29 décembre 2008

THE WHO: A QUICK ONE


L'ère mp3 est à la régression. A la mort de l'album en tant que concept. car les amateurs de musique se remettent à acheter morceau par morceau au lieu d'acheter des albums entiers. C'est bel et bien le retour du single, comme au début des années 60, ce qui nous amène à cette question: pourquoi n'y a t-il que peu ou prou de disques d'avant 67 chroniqués sur ce blog? La réponse est simple: avant cette année, on ne peut quasiment pas parler d'albums. Ceux qui se risquent au jeu ne sortent, au fond, que des compilations désordonnées.

C'est le cas des Who: à leurs débuts, jusqu'à "Tommy", ils ne furent qu'un groupe à singles. Et "A Quick One" le prouve: une importance fut donnée aux seuls morceaux et pas à la cohérence de l'album. Ce disque n'est qu'un recueil de petites ballades, de chansons d'amour, de chansons sur tout et rien. Un album photo de la première moitié des sixties. Tandis que les Beatles, grands architectes, s'affairaient à changer le monde à coup de "Revolver", le "A Quick One" de 1966 n'était qu'une brique de l'ouvrage, disparate, étrange ("Cobwebs and Strange", composition orchestrale de Keith Moon, complètement déglinguée), et qui donne parfois l'impression de ne mener à rien ("Don't Look Away"). Quelques loufoqueries peuvent faire sourire bêtement, comme les choeurs (suraigus dans "I Need You" et au début de "Heatwave", graves dans le flippant "Boris The Spider") ou les paroles ("Whiskey Man"). Tout cela n'en est pas moins grandiose dans son humilité et sa magie. Petit plus, sur chaque chanson, Keith Moon s'affaire à prouver au monde entier qu'il est bel et bien le meilleur (sic.) batteur au monde. Cet album reste un grand travail de collaboration, tous les membres du groupe ayant composé un titre. Malgré tout, au moment de boucler l'affaire, on fait un triste bilan: l'album est vide, creux. A la fin de l'enregistrement, le disque dure 20 minutes. C'est tout. Peu de groupes punk feront moins.

Ainsi, lorsque le producteur annonce au groupe que 10 minutes restent libres, un comble sur un 33 tours, les membres sont bien embêtés: les morceaux doivent faire 2 à 3 minutes, par tradition; un morceau de 10 minutes serait impensable! Pete Townshend a son idée pour tout sauver, il crée de toutes pièces une histoire loufoque en 5 parties, "A Quick One While He's Away". Le pitch? Une femme est en pleurs car son mari ne revient pas. Le village lui présente Ivor le camionneur (même le nom a été trouvé à l'arrache) qui propose de la consoler. Puis le mari revient et lui pardonne. Tout simplement. Fauchés, les Who ne peuvent se payer des violoncelles sur ce chef-d'oeuvre imprévu: ils se retrouvent à chanter "Cello, cello, cello..." pour conclure ce qui reste le premier mini-opera rock de l'histoire. Sur un album vieillot, un peu raté, mais infiniment vénérable.

Note:****1/2

Liste des pistes:

1- Run, Run, Run – 2:43
2- Boris the Spider – 2:29
3- I Need You – 2:25
4- Whiskey Man – 2:57
5- Heat Wave – 1:57
6- Cobwebs and Strange – 2:31
7- Don't Look Away – 2:54
8- See My Way – 1:53
9- So Sad About Us – 3:04
10- A Quick One While He's Away – 9:10

La réédition CD inclut 10 titres supplémentaires, singles, B-Sides et raretés, dont une reprise du thème de la série Batman et une de "Barbara Ann".

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-The Who Sell Out
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A éviter:

-The Who By Numbers
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Découvrez The Who!

1 commentaire:

  1. Enfin un blog qui change. ça fait du bien, parcequ'on va pas se voiler la face, des blogs de pseudo rock critic ça bourgeonne sur le net.
    A Quick One... peut être mon préféré des Who, avec Sell Out, un album assez oublié, voir négligé dans leur discographie. Ne nous étalons pas, je prend le luxe de laisser l'adresse de mon blog, j'ai pas vraiment le temps de m'y consacrer, mais je vais y remédier sous peu.
    http://originalartyfact.over-blog.com

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