lundi 9 novembre 2009

DREAM THEATER : OCTAVARIUM


Le rock progressif est très en vogue depuis le début des années 2000. Le nouveau millénaire aura vu débouller sans prévenir une foultitude de fans de Yes allongeant à outrance leurs morceaux, vomissant un charabia lysergo-lyrico-poèthiques et servant une sorte de pot pourri d'influences, pour le pire (Muse, System Of A Down, The Flower Kings et autre Ayreon) mais souvent pour le meilleur (Tool, Porcupine Tree, Riverside, Time Of Orchids, Oceansize et j'en passe...)
Bien sur, il n'est plus question de définir le prog comme on le faisait dans les années 70. Les choses ont bien changés depuis et, même si certains groupes revendiquent haut et fort leur appartenance au mouvement progressif, force est de constater que le mélange techno/folk/doom metal/néokraut/bruitiste/ambiant que certains proposent semblent difficiles à faire rentrer dans les petites cases que les journalistes aiment tant.
Le prog est donc devenu un non genre. Le tiroir où on s'est mis à ranger les trucs un peu embarassants quand celui du trip-hop s'est mis à déborder. Enfin, impossible de nier une certaine unité de ce "revival progressif" (ça aussi c'est très à la mode, le revival.) Si celle-ci est loin d'être géographique (le mouvement s'étend des Etats-Unis jusqu'au Japon en passant par la Pologne) c'est plutôt du côté de la musique elle même qu'on dénote une tendance récurrente. Si Porcupine Tree est connu pour avoir pris un sérieux virage métal avec In Absentia, un examen minutieux de la scène internationale permet de vite constater que Steven Wilson et sa bande sont loin d'être les seuls musiciens progs à se laisser tenter par les sirènes de la métallurgie. En fait, on ne compte aujourd'hui que très peu de musiciens affiliés aux prog chez qui le raclement de l'acier contre de la taule ne fassent immédiatement monter la libido. Et si on acceptera une ou deux exceptions à la règle, force est de constater que ces dernières pratiqueront malgré tout un rock péchu et énergique (Gazpacho, Oceansize.) Quand art rock rime avec hard rock...(C'est à dire tout le temps...)

...Ca ne fais, quoiqu'on en dise, pas toujours bon ménage. Alors certes, la métallisation du prog nous aura fait profiter d'énormes bombes genre guerre froide dans son salon. Porcupine Tree et le tir de barrage tout en subtilité destructrice de Fear Of A Blank Planet, les pilonnage dérangé et animal de Rapid Eye Movement des Riverside, les frappes nucléaires de Tool, les guerillas surexcitées des Mars Volta sur The Bedlam In Goliath... Mais il parait que tout ça n'est pas nouveau, que nous les jeunes on sait pas trouver les bons groupes. Du moins c'est ce que disent les aficionados du métal progressif, les vrais, ceux qui portent des Perfecto à clous avec "Born To Be Prog" marqué en lettres gothiques sur le dos. Pour eux pas besoin de toute ces merdes de jeunes. Pour ces vrais de vrai, c'est Iron Maiden qui a tout inventé avec Seventh Son Of A Seventh Son et c'est des groupes comme Opeth ou Dream Theater qui on repris le flambeau (ben tiens, pourquoi pas Amon Amarth tant qu'on y est ?) Ah ! Voila celui qui nous interesse : Dream Theater. Évitons les résumés de carrière un peu chiants genre "Les trois fondateurs de Dream Theater étaient étudiant à l'école de musique de Berklee, bla, bla, bla..." et concentrons nous sur la musique. Pas évident de choisir un album pour entrer dans l'univers de Dream Theater, d'aprés les fans ils sont tous bons. Voyons voir, disons qu'on misent sur le succès commercial...Octavarium ! (Vous le saviez déjà bande de chenapans, vous avez lu le titre de l'article...) Passons outre la pochette bien moche (Lasse Hoile semble être plus inspiré par les Porcupine Tree.) et voyons les pistes. La couleur est vite annoncée. Quand on choisit des titres ronflants comme un couple après une nuit d'amour ("The Root Of All Evil", "Sacrificed Sons",) la musique a intérêt à suivre.

Malheureusement c'est loin d'être le cas pour Dream Theater. Malgré un premier tiers de premier morceau plutôt réussi autant par la technique époustouflante des musiciens que par l'énergie malsaine qui s'en dégage (en dépit d'un chanteur évoquant vaguement Jon Anderson pris d'une soudaine admiration pour Bruce Dickinson) on tombe très vite dans un coulis un peu trop sucré pour coller à l'explosion sidérurgique initiale. Enfin, quoiqu'il en soit, qu'on aime le sirop de grenadine ou les baffes, ça lasse vite. Pas besoin d'aller plus loin que la deuxième piste pour rendre son petit déjeuner. C'est sirupeux à la nausée, genre "Magna Carta is back !". "The Answer Lies Within" est une ballade écœurante, une sorte de Kouign aman dont on est content qu'il ne dure pas plus de 5 minutes 30 (ce à quoi ne peuvent pas prétendre la moitié des morceaux de l'album.) Oh ! Bien sur, on aura le droit à de la variété sur ce monument de médiocrité : Dream Theater évolue, Dream Theater revendique ses influences. Bien sur, que du bon : U2 avec la ballade rock FM "I Walk Beside You" (remarque que les couplets font un peu Linkin Park...On vous l'aura dis : aux grands albums, de grandes influences...) Muse avec "Panic Attack" (qui eu crue qu'un jour quelqu'un oserait recopier note pour note ces envolées lyriques de synthétiseurs boursouflés ? Qui eu crue qu'un groupe recommencerait ces horribles beuglements tremblotants genre Roger Chapman avant la puberté faisant des vocalises devant son miroir. Tout ça Dream Theater l'a fait pour vous.) En plus ce chef d'oeuvre de lyrisme va ravir les amateurs de taping puisque John Petruci semble bien décidé à se branler sur sa guitare lors de ses soli interminables. Et si les sept minutes de Muse ne vous ont pas suffis vous pouvez dés à présent vous réjouir : "Never Enough" est un plagiat éhonté de "Stockholm Syndrom" (mon Dieu, si un jour on m'avais dis que je défendrais les droits d'auteur de Muse...) Ouais ! "Jamais Assez" ! Nous on commence à en avoir serieusement assez pour le coup...
Mais il serait de mauvais ton de partir sans parler de la pièce maitresse d'Octavarium : "Octavarium" lui même. Un monstre de 24 minutes dont on se seraient bien passés. Un début à la "Shine On You Crazy Diamond" et c'est partit pour un gros paté de prog miévrichon pétri de bons sentiments, et de métal mystico bidon le tout arrosé de jeux de questions réponses entre des synthés ringards, d'autres synthés ringards, et une guitare ringarde. (soyons honnêtes, les cinq premières minutes, sans êtres la révélation de l'année, restent très correctes.) Non vraiment, là ça devient un peu trop progressif pour moi...

Bien sur on a le droit à une petite astuce histoire de donner une dimension pseudo philosophico-mystique à cette montagne de faux prog et vrai déjection d'MTV : la note d'ouverture de "The Root Of All Evil" est également celle qui ferme "Octavarium". Vous savez, histoire de créer une boucle quoi...

"Oh chouette ! J'avais tellement envie de réécouter l'album encore et encore jusqu'à ce que mort s'en suive !"

Vous m'excuserez mais je m'en vais réessayer Muse, Opeth et System Of A Down. Ca peut pas être aussi mauvais que dans mes souvenirs...

Note : *

Liste des morceaux :

1. The Root Of All Evil

2. These Walls
3. I Walk Beside You
4. Panic Attack
5. Never Enough
6. Sacrificed Sons
7. Octavarium
I. Someone Like Him
II. Medicate (Awakening)
III. Full Circle
IV. Intervals
V. Razor's Edge


Du même artiste :

Train Of Thought à l'air meilleur mais ça demande encore confirmation.

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