vendredi 21 mai 2010

SEPULTURA : ARISE


Je vous vois déjà hausser les sourcils... Une bâtisse organique dotée d'un visage décomposé règne au centre d'un lac nauséabond, non loin d'une terre jaunâtre. De plus, en lettres tremblotantes forment le mot "Sepultura", aux consonances qui n'ont rien d'encourageant. Et encore, vous n'avez pas vu les têtes des musiciens, aussi peu avenantes que possible, en quatrième de couverture. Pourtant, Arise est une merveille de Thrash Metal (à ne surtout pas confondre avec le Death), sortit en 1991, comme pour fêter la chute de l'URSS, avant la reconversion de Sepultura en Metal plus lourd encore. Mais on est loin du fameux "Roots Bloody Roots" qui n'a pourtant pas grand chose à envier à certains titres de Arise.


A citer en premier lieu, le morceau d'ouverture du disque, qui lui a donné son nom. Ce titre démarre abruptement à la suite de sons nébuleux mais non moins sépulcrales. Soudain le signal est donné et une véritable performance rythmique, de cohésion parfaite, s'enchaîne rapidement dans une cavale menée par le vocaliste Max Cavalera, tandis que Andreas Kisser embrasse les coups percutants du batteur Igor Cavalera ( du même nom que le chanteur) pendant que l'énigmatique bassiste Paulo Jr. oeuvre de concert avec ses éminents collègues afin de donner un peu plus de poids à la mélodie. On remarquera que les paroles sont presque compréhensibles (même sans le livret). C'est la recette de Sepultura pour cet album : des riffs lourds joués frénétiquement, mais sans la moindre défection rythmique car, comme tout bon groupe de Thrash qui se respecte, les artistes misent beaucoup sur les percus. Ils développent d'ailleurs une certaine originalité dans leur intros de morceau en utilisant des synthétiseurs ainsi que des boites à rythme original qui balance la sauce dans un mélange de Metal et d'Industriel. C'est d'ailleurs le milieu du mouvement indu, en ce début des années 1990, ce qui laisse penser que Sepultura en est l'un des promoteurs - ou reprend en tout cas des éléments des premières créations mécaniques...


Le groupe utilise différents moyens mis à sa disposition, tels que des pédales d'effet multi-fonctions. Cependant, force est de remarquer une utilisation relativement raisonnable de la saturation des gratteux, contrairement aux us et coutumes de ce domaine. Ainsi, les mélodies sont plus aisées à comprendre. De plus, ils utilisent à merveille leur duo guitar rythmique / guitare mélodique. Ainsi, sur un fond extrêmement violent et grave maintenu par la première et la basse surgit comme une giclée de sang d'une trachée ouverte des riffs suraigus provoqués par la deuxième guitare ("Desesperate Cry"). L'ensemble forme d'agréables transitions aux couplets vocaux. Bon, d'accord, au niveau des paroles, on n'a rien de fondamentalement nouveau, avec comme thèmes des sacrifices, des meurtres et autres joyeusetés, avec en bonus spécial un cri -ou plutôt un hurlement - maladif avec "Infected Voice", le morceau de clôture. Mais Arise présente bon nombre d'originalités en comparaison aux prémices du Metal, dans les années 1980 (comme quoi, c'est un mouvement qui tient un bon bout de temps, malgré les cris offensés des individus de la vieille école dont les oreilles peinent déjà à supporter un bon vieux Deep Purple...). Je jette une attention sur "Altered State" ( encore un morceau sur les bas côtés de la société ), et en particulier sur son introduction saisissante dans laquelle un hurlement bestial est lancé d'une façon très habile avec un simple accord de gratte. L'atmosphère originelle déjà sombre voit sa part de ténèbres se décupler, et nous sommes fin prêt pour la suite du titre...


Anecdote amusante, si vous achetez, ou plutôt quand vous achèterez Arise - si ce n'est pas déjà chose faite -, vous aurez alors accès à tout un panel de photographies plus ou moins ridicules (à leur décharge, c'était la mode en ces temps anciens), vous observerez que chaque membre exhibe fièrement un large tatouage au moins, généralement sur les bras. A présent, rendez-vous en fin de livret que votre humble serviteur a épluché tout spécialement pour vous (vous en avez, de la chance...), et vous pourrez lire l'identité de leurs tatoueurs... Ainsi, grâce à Sepultura, si d'aventure vous choisissez un jour de franchir le pas, vous saurez à qui vous adresser... Vous l'aurez deviné aux noms, Sepultura est un groupe brésillien. Ce qui ne les empêche pas de chanter en anglais. Dommage, je me demande ce qu'aurait donné du Thrash en Catalan... On peut les voir sur une adorable photographie en compagnie d'enfants en Afrique, ce qui provoque un certain contraste, mais passons. Pour conclure, Arise est l'un des meilleurs albums de Sepultura, relativement ignoré, cependant, à cause de la variation qu'il constitue par rapport à l'habitude, tout en restant du bon vieux Thrash joué avec une virtuosité certaine.


Note : ****1/2


Liste des morceaux :


1. Arise

2. Dead Embryonic Cells

3. Desesperate Cry

4. Murder

5. Subtraction

6. Altered State

7. Under Siege [Regnum Irae]

8. Meaningless Movements

9. Infected Voice


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