mercredi 15 juillet 2009

EMERSON, LAKE & PALMER : EMERSON, LAKE & PALMER

Les idées reçues ont la vie dure. L'une d'elle voudrais que le rock progressif soit prétentieux. Mais entre gens raisonnables soyons francs : peut on vraiment affirmer une telle bêtise. Non bien sur, le rock progressif a toujours été raffiné, léger, subtil, racé...Hum...Reprenons...L'auteur de ces lignes serait ravi de pouvoir écrire de telles choses, seulement voila, si je le faisais je deviendrais aussi mythomane que le genre que je tend à présenter est prétentieux. Avec le recul de l'année 2009 les choses apparaissent clairement : le prog étais, par définition, pétri d'orgueil, boursouflé, froid, bref, tout ce dont n'importe quelle musique populaire tend à s'éloigner. Mais de tout les groupes de Art Rock (puisque ils était de bon ton de les nommer ainsi), combien pouvais se vanter d'être aussi prétentieux qu'Emerson, Lake & Palmer ?
La réponse est simple : aucun. Même Yes et leurs compositions pétries d'orgueil n'arrivaient pas à la cheville du trio ELP. Tenez, rien que par son statut ELP étais prétentieux : un "supergroupe", et puis quoi encore ? Pour les non-initiés qui s'interrogeraient sur la signification de ce terme barbare voila un exemple des plus représentatifs. Issu en droite ligne des inégaux Nice où il pratiquaient déjà la reprise assassine et la torture de claviers, j'ai nommé Keith Emerson : clavier émérite, doigts fins, grosse tête. A sa suite, le magicien des cordes, que ce soient celles d'une guitare, d'une basse, ou qu'elles soient vocales. L'émissaire du Roi Pourpre : Greg Lake. Et pour finir le génie précoce des futs. A seulement 19 ans il quitte les Atomic Rooster pour rejoindre Emerson et Lake. La boucle est bouclée : voila Carl Palmer.
Donc voila, un supergroupe c'est la réunion de plusieurs musiciens ayant déjà fait leur preuves dans differents groupes à succès (bien qu'aujourd'hui personne ne parle plus des Nice ou même d'Atomic Rooster.) Enfin on parle, on parle, mais voila notre trio sous les feux des projecteurs d'une communauté de fans dans l'expectative, de critiques prétes à ouvrir les hostilités, et de quelques passants venus voir ce qui se passait. Et pour couronner le tout le quatrième membre du supergroupe est aux abonnés absents. Un certain Hendrix qui vient de leur faire faut bond en s'étouffant dans son vomi...Du coup au lieu de HELP les voila réduits à trois misérables initiales plutôt ringardes : ELP

Et enfin l'attente des fans est récompensé : le premier album éponyme d'Emerson, Lake & Palmer sort en Novembre 70 sous une belle pochette semi abstraite où on distingue une colombe (symbole de pureté et de légèreté parait il, enfin on évitera les commentaires sur ce point là...) sur fond verdâtre...
Quand à ce qui se trouve à l'intérieur qu'en dire ? C'est prétentieux, boursouflé, parfois insipide, parfois gonflant...Oui il y a tous ça dans Emerson, Lake & Palmer, oui mais pourtant c'est pas mal...Pas mal du tout même. On oserais même dire que le disque est bon... Pourquoi ? C'est simple, prenez le morceau d'ouverture "The Barbarian" : jamais morceau n'aura été mieux placé que celui ci. Une intro lente, presque Sabbathienne, lourdement influencé par le hard rock naissant, un riff ultra saturé, un accompagnement agressif comme seul Keith Emerson sait en faire. "The Barbarian" tape fort et ouvre Emerson, Lake & Palmer sous les meilleurs augures. Et on est pas déçus même si le ton change : "Take A Pebble" oscille entre rythmes jazzy et mélodies classiques, porté par la voix majestueuse de Greg Lake puis se termine en sympathique accords folk à jouer autour du feu. Le resultat est probant, on se laisse aisément porter par les lignes mélodiques dépaysantes de Keith Emerson même si on ne peut pas s'empêcher d'avoir l'impression qu'il les a piqués chez quelques compositeurs classiques tombés dans les limbes de l'oubli. On en oublierai presque l'orgueil pur que dégage l'album en quantité comparable à la radioactivité qui émanerait d'un bloc d'uranium enrichi de plusieurs tonnes. Vient alors "Knife Edge", sa ligne vocale vaguement monotone, néanmoins sympathique, son orgue presque joyeux (il en deviendrait presque agaçant,) et ses mélodies piqués discrètement à Bach et à Janáček... Puis vient l'inévitable suite en trois mouvement qui ouvre la deuxième face. "The Three Fates" fait retomber la magie des trois premiers morceaux et nous remet devant la prétention sans limite de Keith Emerson martyrisant son orgue et lui tirant de vains vagissements dénués d'intérêts. On se trainent péniblement jusqu'à "Tank" qui redonne cette dimension sympathique qui semblait avoir été perdue dans "The Three Fates". On posera une seule et unique question : "le solo de batterie était il réellement indispensable...? Enfin, on finis avec le morceau le plus conventionnel de l'album, celui que tout le monde retiendra (les autres étant bien trop compliqués pour restés imprimés dans le cortex) : "Lucky Man" est un folk chaleureux qu'on ne peut qu'apprécier après ce déluge technique qui fait mal à la tête

Enfin, c'étais écris depuis le départ : "Comment épelez vous prétentieux ? ELP..." Keith Emerson, Greg Lake et Carl Palmer étais nés pour incarner l'orgueil, le grand guignol et les debordements musicaux à travers ELP. Mais bon sang ! C'est bien ça qu'on aiment chez eux non ?

Note : ***

Liste des morceaux :

1. The Barbarian
2. Take A Pebble
3. Knife Edge
4. The Three Fates
I) Clotho
II) Lachesis
III) Atropos
5. Tank
6. Lucky Man

Du même artiste :

Vous allez aimer :
- Tarkus
- Trilogy

A éviter :
- Love Beach
- Brain Salad Surgery

5 commentaires:

  1. Et bien pour ma part, je trouve cet album tout à fait excellent. Même ces passages peut-être un peu longuets ne me dérangent pas (je m'accroche!), de l'orgueil, pour sûr! Mais contrecarrée par une technique irréprochable.
    Bonne chronique ceci dit! =)

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  2. Toujours le grand dilemme de la technique... Echoes a été bien gentil, je trouve, avec 3 étoiles.

    Merci pour ton commentaire, c'est motivant :)

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  3. 41 ans après, c'est toujours aussi pénible à écouter !

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  4. C'est vrai. Mais ya eu de bons trucs quand même...

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  5. Hum, facile de fustiger ELP et tout ce qu'il représentent aujourd'hui. Reste qu'ils sont une représentation parfaite de leur époque, comme un insecte pris dans l'ambre : le trio était plus prog que n'importe quel autre groupe, et quelque part, tout leurs morceaux sont horribles. Cela dis, plus le temps passe, plus ils me fascinent.

    Voila c'est dis, je préfère les groupes qui jouent la musique de leur époque (et Dieu sait qu'ELP jouait parfaitement les 70s) que ceux qui restent les yeux fixés sur le passé (ce qui semble être le cas de la plupart des groupes aujourd'hui, non ?)

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