mardi 14 juillet 2009

NEIL YOUNG & CRAZY HORSE : RUST NEVER SLEEPS


Il y a plusieurs vérités qu'on ne peut pas démentir sur le loner. La première est que Neil Young est un des artistes les plus importants et les plus influents de son époque : A l'époque où nous planterons le décor de cet article, Neil Young a réussi à aligner un nombre impressionnant de chef d'œuvres. Rien qu'en solo on peut déjà en faire une liste respectable : After The Gold Rush en 70, Harvest en 72, On The Beach en 74, ou encore Tonight's The Night en 75. Quand à ses collaborations, ses piges ou encore ses participations à des groupes aussi influents que le Buffalo Springfield, Crosby, Still & Nash, et son groupe de tournée, le Crazy Horse, on ne les comptent plus. C'est simple. En 79, le Loner, pareille au roi Midas, transforme tout ce qu'il touche en or.
Une autre vérité indéniable sur Neil Young est que l'homme aime les hommages, mais aimeraient bien ne pas avoir trop à en faire. Si on en avais déjà un aperçu avec le poignant "The Needle And The Damage Done" présent dès 72 sur Harvest (le folkeux canadien y évoquait les ravages de l'héroïne et composait un remarquable poème imprêgné de la disparition de Dany Whitten guitariste du crazy horse, emporté par cette dernière.) Tonight's The Night, sortira en 75 et de nouveau Neil Young nous ouvrira les portes de son intimité pour nous parler du regretté Bruce Berry et rajouter deux ou trois mots sympathiques pour Dany Whitten.

Mais en 79 le loner est en mauvaise posture : le punk arrive sur le rock comme une déferlante furieuse détruisant tout sur son passage. Le prog y est déjà passé depuis quelques années. Un a un les grands tombent : Led Zeppelin coule, emporté par les problèmes de drogue de Jimmy Page. Les Stones, on préfère ne pas en parler tellement le ridicule les submergent. Bob Dylan devient chrétien et perd sa verve par la même occasion. Neil Young, lui, sais que ce raz de marée finira par le toucher. Le loner entreprend alors la seule chose sensée qu'il lui soit encore possible de faire : une transformation brutale pour s'adapter à son temps. Cette mutation elle s'effectue en un album : Rust Never Sleeps.

Et déjà les questions fusent : est-ce un live ou un album studio ? Pourquoi ce parallèle acoustique/électrique ? Quel rôle tiennent "My My, Hey Hey (Out Of The Blue)" et son célebrissime jumeau "Hey Hey, My My (Into The Black)" ? Ca veut dire quoi Rust Never Sleeps ?
Patience, patience. Chaque chose en son temps. Pour commencer, oui Rust Never Sleeps est un live. Mais ici aucun "Heart Of Gold" en vue : Neil Young enregistre son nouvel album live et s'arrange pour faire disparaitre les applaudissements au mixage. En définitive on obtient le même résultat qu'un album studio mais avec une profondeur de son digne du célèbre Live/Dead des Grateful Dead (une décennie plus tôt, rien à voir donc avec l'oeuvre du Loner.)
Maintenant un des points phares de ce disques : ici, Neil Young joue une première partie acoustique qui résume bien ses productions des dernières années (le mélancolique "Trasher", le "Ride My Llama" qui semble sortir directement du folklore canadien, "Sail Away" et ses faux airs de "Heart Of Gold".) Puis soudainement, sans prévenir, un peu comme Dylan au festival de Newport en 67, le loner adopte son nouveau surnom : le parrain du grunge, en décochant quatre morceaux d'une intensité électrique rarement entendue. Accompagné de son groupe fétiche, le Crazy Horse, Neil Young achéve sa métamorphise sans pour autant renier ses origines. Les trois dernières pistes relèvent même du hard rock le plus pure : "Welfare Mothers "emprunte à ce dernier un riff à la limite de l'aphrodisiaque pendant que le parrain du grunge s'excite derrière son micro. "Sedan Delivery" est lancé à vitesse grand V sur la guitare acérée de Frank Sampedro sur une autoroute qui nous emmène à la conclusion de l'album : "Hey Hey, My My".
N'importe quelle attardé amateur de Lady GaGa doté d'une paire de neurones (disons aux moins deux paires, ils pourront jouer à la belote,) fais le parallèle entre ce dernier et le morceau d'ouverture "My My, Hey Hey". L'explication est simple : les deux morceaux sont jumeaux, le premier correspond à la carrière que Neil Young a derrière lui. Quand au deuxième c'est un cri d'espoir. "Si il faut changer pour continuer, je changerais" semble affirmer Neil Young le poing levé, "Changer est la clé, car le rouille ne dort jamais" : rust never sleeps...
Une dernière question que vous avez du vous posez : pourquoi avoir parlé des hommages qu'a rendu Neil Young ? Peut être pour ces simple vers énigmatiques que sont le troisième couplet de "Hey Hey, My My" :

"The king is gone but he's not forgotten
Is this the story of johnny rotten?
It's better to burn out 'cause rust never sleeps
The king is gone but he's not forgotten."

Ce couplet, Neil Young l'adresse aux nouveaux, à Johnny Rotten qui a préféré tout foutre en l'air avant de devenir une énième rock-star faisant son dernier tour de piste. Il vaut mieux bruler que rouiller..."It's better to burn out 'cause rust never sleeps", ce vert sera repris par Kurt Cobain sur un message d'adieu une vingtaine d'année plus tard, vraisemblablement griffonné juste avant de se faire sauter la cervelle. Accablé par un horrible sentiment de culpabilité (Kurt Cobain était trés proche du Loner,) Neil Young écrira "Fallen Angel" en hommage a l'énigmatique leader de Nirvana. Mais ça c'est une autre histoire...

Note : *****

Liste des morceaux :

1. My My, Hey Hey (Out Of The Blue)
2. Trasher
3. Ride My Llama
4. Pocahontas
5. Sail Away
6. Powderfinger
7. Welfare Mothers
8. Sedan Delivery
9. Hey Hey, My My (Into The Black)

Du même artiste :

Vous allez aimer :
- Everybody Knows This Is Nowhere
- After The Gold Rush
- Harvest
- Zuma
- Tonight's The Night
- Chrome Dream II

A éviter :
- Are You Passionate
- Trans
- Arc

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