jeudi 17 décembre 2009

DEEP PURPLE : FIREBALL


Il faut croire que 1971 était une période délirante pour nos chers hard rockers... Imaginez des savants fous créant une sphère orangée de magma brûlant. Ensuite, la comète - car il s'agit bien d'une comète - prend vie, réduit en miette son lieu de naissance (l'infortuné Emi Records) et prend son envol dans les confins infinis de l'espace... C'est l'idée générale de Fireball, si l'on prend en compte que la comète en question est composée des têtes des cinq bonhommes qui l'on créé. Notre météorite chevelue (eh oui, ils ont les cheveux longs...) ne représente que trop bien l'album. Une explosion lumineuse de sensations musicales rafraichissantes projetant ses rayons sur tous les morceaux.

Déjà, l'un des grands atouts de Deep Purple est la qualité des musiciens. Il est difficile de créer un titre sans le moindre intérêt avec de telles performances. Chacun a sa part de rôle, ce qui dénote une certaine cohésion appréciable du groupe. Notre moustachu de Jon Lord sait se servir à la perfection d'un clavier (ou d'un double, triple, quadruple clavier selon son humeur...) autant que d'un synthétiseur. Il se charge des spots avec une précision presque maniaque pour obtenir l'effet escompté. Mission inévitablement accomplie, comme il nous le montre avec des formes de sons extraordinaires. De son côté, Ian Paice a depuis bien longtemps prouvé au public son adresse par ses break tant chavirants qu’impressionnants. A présents, les deux gratteurs. Loin d'être une paire d'adorateurs irrattrapables du tapping, chacun exécute ses riffs grâce à leur dextérité peu commune. Enfin, le dernier chevelu. Gillan est un cas, l'un des meilleurs chanteurs tant du rock progressif que du hard rock (ne réduisons pas Deep Purple à cette seconde catégorie...). Sa voix lui obéit à la perfection, et ce contrôle absolu lui permet les plus grandes prouesses, autant dans les graves que dans les aigus.

1971. L'une des années les plus productives du rock progressif. Emerson, Lake and Palmer sortaient Tarkus, image de l'apogée de leur carrière, et les scènes se garnissaient de groupes ne jouant qu'un morceau par concert, déguisés en pirates (ELP), en clochard (Jethro Tull)... La belle époque! Pourtant, de façon assez paradoxale, Deep Purple ont, avec Fireball, construit un incontournable du hard rock plus qu'un album progressif. Il y a certes quelques solos douteux de clavier, mais l'on retient davantage des riffs suffisamment lourds pour nous faire oublier le côté plus vaporeux du morceau. Enchaînés avec une rapidité presque diabolique, ils constituent des morceaux que retiendront les fans par la suite. Bien sûr, il y a des exceptions à cet état de faits. Ainsi "Anyone's Daughter" est une ballade très douce qui repose les organes auditifs (bien esquintés après les trois premiers morceaux), et des expériences sonores intéréssantes bien que franchement étranges sont menées dans "Fools". Après un début saccadé qui n'épargne pas notre rythme cardiaque semble être utilisé une sorte de violon -un instrument à corde frottées en tout cas- accompagné d'orgue Hammond modifié grâce à un synthétiseur, et de percussions à la fois percutantes (eh oui, des percus, quoi...) et frissonnantes (peut-être une paire de maracas...). Bien sûr, il est possible que tout ait été réalisé avec un Moog, mini ou non, étrangement réglé, mais le son de violon semble réel. Si ce problème vous perturbe au point que vous désiriez absolument savoir la vérité, allez donc jouer les groupies et leur demander en personne...

Il est, à mon sens, nécessaire de se rendre compte de la qualité de la composition. Le modèle de riff ressemble furieusement à celui très utilisé par les monstres du hard rock que sont Black Sabbath et Blue Cheer (dont le bassiste, Dick Peterson est mort récemment. Paix à son âme.), ce qui constitue peut-être la clé du succès de l'album. Les cinq chevelus ont traversé la galaxie du hard rock, en passant quand même prendre un verre dans celle du progressif pour donner un album aussi percutant qu'une comète : Fireball. Au lieu de mixer les deux genres pour donner les bouillies musicales que nous aimons tant, ils ont décidé de séparer nettement les deux, sans ambiguïté. Cette façon de faire, inédite pour l'époque, apporte un trais d'originalité incontestable et assurément très appréciable à notre boule de feu. Suffisamment barré pour faire rêver, il vous entraînera dans l'univers flamboyant de Deep Purple.

Note : ****
Liste des morceaux :

1. Fireball.
2. No No No.
3. Demon's Eye.
4. Anyone's Daughter.
5. The Mule.
6. Fools.
7. No One Came.

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