vendredi 7 novembre 2008

THE SMASHING PUMPKINS : MELLON COLLIE AND THE INFINITE SADNESS


A une fréquence assez irrégulière, et assez rare, il arrive dans l'histoire du rock que certains artistes en aient marre de rester dans des cases, et aient envie de faire un double album avec explorations stylistiques... Les Beatles, junkies sur pattes (à quatre pattes les jours néfastes), ont pondu le "Double Blanc" en des temps immémoriaux, en 1968; en 70, Captain Beefheart, génie tyrannique produit par Zappa, sortait "Trout Mask Replica", recueil de chansons déjantées empruntant à divers genres, mais qui ne pouvait pas toujours être qualifié de rock au sens brut. Puis les Clash, une décennie plus tard, en 1979, sortent "London Calling", album lui aussi de genres variés avec plusieurs titres de rockabilly ou de reggae, mais qui baigne tout du long dans un son punk. L'année suivante, ils sortent "Sandinista!", triple album (qui correspond à un double au format CD...), plus audacieux, invitant même le rap, la techno et le gospel, mais qui aurait fait un très bon simple album, sans enlever un seul bon morceau. Et au moment du chaos MTV des années 80, personne pour reprendre ce relais tendu par les londoniens...

En 1995, les Smashing Pumpkins sortent "Mellon Collie and The Infinite Sadness". Après cette longue parenthèse, ils réinventent tout bonnement le concept du double album révolutionnaire. En forme d'album hommage à l'histoire du rock, de bibliothèque. Billy Corgan et ses sbires chicagolais, formés en 1987, ont végété dans l'ombre de Nirvana, leur premier album sorti la même année que "Nevermind". Pas de chance... Lorsque le grunge est mort et enterré, la voie est libre: on sort "Mellon Collie...", le troisième album, sans crier gare.

Personne ne se trompera sur le titre éponyme, ballade simple au piano, qui est plus une introduction à l'album qu'un véritable classique. Il est même supplanté par "Tonight, Tonight", grandiose titre porteur d'espoir, qui n'augure pas du tout la violence de la piste suivante: "Jellybelly", titre Heavy Metal dont le début est digne de l'ouverture de "In Rock" de Deep Purple! "Bullet With Butterfly Wings" n'est pas vraiment rentré de l'enterrement du grunge. Au contraire, elle réunit toutes les caractéristiques du grunge: guitares saturées, ligne de basse dominante, voix blasée, paroles nihilisites, couplet sombre, refrain libérateur. On passera sur le slow ("To Forgive"), le Metal groovy à la Rage Against The Machine ("An Ode To No One"), le morceau psyché complètement vrillé ("Love") pour s'arêter sur Cupid de Locke, électro rêveuse et limite planante, qui annonce l'intégralité de "OK Computer" de Radiohead qui paraîtra deux ans après. "Muzzle" est une ballade scorpionesque, la voix de tarlouze en moins.
"Porcelina Of Vast Oceans", épopée grandiloquente, a un introït easy listening à la Air qui vire au heavy.

Le CD 2 s'ouvre sur "Where Boys Fear To Tread" dont le début évoque Tom Morello en train de recharger une mitraillette. On retient son souffle pour le métal indus de "Bodies" dont on ne descend quasiment pas, avec des paroles aussi joyeuses que "Love is Suicide". On fait même dans la chanson lascive, comme "In The Arms Of Sleep", au son de laquelle beaucoup de couples des années 90 ont dû concevoir nos petits frères et soeurs. "1979", le titre paradoxal, a une rythmique belliqueuse pour une chanson qui n'en est mois calme et mélancolique. "Thru The Eyes Of Ruby" est, une fois de plus, une chanson grandiose, où les musiciens ne tendent qu'à toucher le ciel tout en dissertant d'amour... On ne sait toujours pas comment Billy Corgan parvient à conserver sa voix acide sans écorcher la magnifique paroi dorée de ce chef-d'oeuvre. Il y a tout de même UN titre loufoque sur cet album: "We Only Come Out At Night", qui se veut lyrique, avec, en fond, des bouteilles qui se débouchent (?)! Les violons pleurent sur "Lily (My One and Only)" qui apporte un peu de douceur dans ce monde de brutes. L'album se fermant sur deux chansons douces (un slow et une ballade), on en conclura que le concept se termine malgré tout comme il a commencé: en douceur...

Ne nous faisons quand même pas d'illusions: cet album est accessible aux masses, même à la plèbe des années 90 particulièrement hermétique, et fut gage d'un succès commercial historique pour le groupe. Et il y a, comme dans tout double album, des titres de remplissage... Mais il n'empêche que ça, c'est de l'art.

Note ****1/2

Disque 1 : Dawn to Dusk

1 Mellon Collie and the Infinite Sadness
2 Tonight, Tonight
3 Jellybelly
4 Zero
5 Here Is No Why
6 Bullet With Butterfly Wings
7 To Forgive
8 An Ode to No One
9 Love
10 Cupid De Locke
11 Galapagos
12 Muzzle
13 Porcelina of the Vast Oceans
14 Take Me Down

Disque 2 : Twilight to Starlight

1 Where Boys Fear to Tread
2 Bodies
3 Thirty-three
4 In the Arms of Sleep
5 1979
6 Tales of a Scorched Earth
7 Thru the Eyes of Ruby
8 Stumbleine
9 X.Y.U.
10 We Only Come Out at Night
11 Beautiful
12 Lily (My One and Only)
13 By Starlight
14 Farewell and Goodnight

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Vous allez aimer:

-Siamese Dream
-Zeitgeist

A éviter:

-MACHINA I
-MACHINA II

1 commentaire:

  1. T'es un peu dur dans ta critique, dans l'album machina y'a quand meme l'excellent try try try.
    http://la-reprise-musicale.over-blog.com/article-23837350.html

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