jeudi 21 mai 2009

THE DATSUNS: THE DATSUNS


Avant de commencer cet article, il convient de pulvériser un mythe, ou, du moins, de le relativiser: le retour du rock. Devenu une véritable image d'Epinal, il se raconte de cette manière: " Les méchantes nineties électro-techno-easy listening-dance-hiphop où régnèrent le mauvais goût sont définitivement terminées grâce aux Strokes, White Stripes, Libertines et autres zozos qui ont totalement remis à la mode la guitare marshallisée et le perfecto tout en ringardisant irréversiblement la techno." Peau de zob. La techno serait morte? Hélas, mes pauvres enfants, le succès de Prodigy en est la preuve, elle s'est même carrément incrustée dans l'étiquette Rock! Alors cessons de raconter des histoires, un long chemin reste à parcourir. Et puis, il n'est pas dit que les fans des Strokes vont se mettre à écouter le Velvet Underground, que les fans de White Stripes vont joyeusement découvrir Howlin' Wolf ou que les fans des Libertines vont se mettre aux clash, non! Bien au contraire! Ce "retour" est celui de la fermeture d'esprit la plus totale...
Allez, on va tout de même concéder à ce "retour du rock" un succès: The Datsuns. Ces "kiwis" de Nouvelle-Zélande vont continuer à grossir la liste de ceux qui auraient pu faire un effort, quand même, pour trouver un nom (Do, Who, Air, Band, Buzzcocks...), et qui n'ont pas réussi à faire passer les guitares avant les synthés dans le coeur des adolescents français. Mais cet album de 2002 vaut son pesant de cacahuètes, et a le mérite, contrairement à ses grands frères anglo-saxons, de réveiller explicitement les corps faisandés des ancêtres. Comme Oasis en son temps a réussi un mélange de Beatles, Stones, Who et autres T-Rex, les Datsuns réveillent parfois Motörhead période "Damage Case" ("What Would I Know"), "Whole Lotta Rosie" de AC/DC ("At Your Touch") ou encore les Stooges de "TV Eye" ("Fink For The Man"). L'explosion aux premières secondes de "Freeze Sucker" évoque pêle-mêle Van Halen et Blue Öyster Cult... La qualité des riffs sent tellement bon que tout cela en devient presque suspect. Tout cela ne serait-il qu'un plagiat immonde? Bon, on peine à trouver d'où serait tiré l'excellente intro en tourniquet de "Sittin' Pretty", stratégiquement placé en ouverture de l'engin. Tout cela sent bon la sueur, le sexe ("MF From Hell", "Lady" gentiment funky) et la violence au croisement de l'adolescence et de la maturité. Bref, ce disque plaira sûrement à tout jeune homme qui sent son membre viril bouger lorsque son regard croise, au hasard d'un après-midi, une Gibson Les Paul flamboyante luisant grâce à l'un de ses rayons de soleil qui ont leur manière tellement caractéristique de traverser les vitrines des magasins de guitare. Par contre, toute ressemblance avec des chansons excitantes ou ayant excité n'est peut-être pas totalement fortuite.
Note:***

Liste des pistes:

Sittin' Pretty – 3:01
MF From Hell – 3:33
Lady – 2:55
Harmonic Generator – 3:03
What Would I Know – 5:34
At Your Touch – 3:29
Fink For The Man – 4:33
In Love – 2:54
You Build Me Up (To Bring Me Down) – 3:58
Freeze Sucker – 6:01

Ce groupe a également sorti "Outta Sight, Outta Mind" au son plus travaillé puisque produit par John Paul Jones, et au chanteur plus calme. "Smoke And Mirrors" et "Head Stunts", autoproduits, sont plus convenus et commerciaux, ce qui n'est pas une raison pour les refuser...

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