samedi 9 janvier 2010

THE ALAN PARSON PROJECT : VULTURE CULTURE

L'on sait, à présent, que le rock progressif a mené à bien des chemins. Pas tous positifs, comme on a pu le ressentir en particulier dans les années 1980. Dix ans lors desquels tout ce qui pouvait alors être considéré comme kitsch ou niais s'est concentré en un magma de paillettes, de clochettes et de lumières. C'est l'un des grands problèmes de "The Alan Parson Project", ainsi qu'on le ressent dans Vulture Culture, datant de 1984. Pourtant, tout semblait très bien partit : après une glorieuse carrière chez les Pink Floyd en tant qu' ingénieur du son (du très bon boulot, atteste le groupe -et les fans-), il décide d'user de ses connaissances en matière de son et de sa longue expérience du milieu pour débuter une carrière solo, avec "The Alan Parson Project". Malheureusement, il y a du avoir un dysfonctionnement dans le processus, car le résultat en est décevant, face aux attentes que l'on était en droit de former.

La pochette même nous met en garde. Un serpent à tête d'aigle en or se mord la queue sur de la soie rouge. Que de symboles de puissances sur la même image ! Selon les interprétations, l'on peut la considérer ainsi qu'un signe d'originalité (!) ou, plus vraisemblablement, comme une trace manifeste de la vanité et de la présomption du groupe. Mais nous savons tous que l'habit ne fait pas le moine, donc étudions un peu l'album avant de prononcer un jugement définitif. Ce dernier comprend huit morceaux d'une longueur moyenne de cinq minutes. La standardisation de cette durée est déjà en elle même un mauvais signe. Le groupe n'a pas essayé de se démarquer de ce point de vue par rapport aux autres, ce qui est étonnant si l'on prend en compte le temps que Alan Parson a passé chez les Floyd. Non, le gratin de bananes flambées vient vraiment avec la musique. Attachez vos ceintures...

Au début, pendant environ quatre secondes, on a vaguement l'impression que notre Alan a tenté quelques expériences sonores qui pourraient satisfaire nos envies musicales. Espoirs vite déçus : le morceau part finalement en une mélodie aussi peu entraînante qu'originale. Une vraie musique universelle de supermarchés. Ce morceau -et ceux qui suivent- semble avoir été conçu pour "plaire" à un maximum d'individus possibles, et ce grâce à sa superficialité, ainsi qu'un rythme et une mélodie qu'il nous semble avoir déjà entendu dans un certain nombre de mélodies de l'époque. Des pistes à succès programmé diffusées en boucles dans toutes les boîtes de nuit, dans lesquelles l'on passe aujourd'hui de façon intensive de la techno de mauvaise qualité. Commercial. Et décevant. Des notes de piano aiguës sont jouées à répétition pour ponctuer la partie vocale, excécutée d'une voix chialante comme il est de mise dans ce type de musique. L'ensemble finit rapidement par porter sur les nerfs, et quand les clochettes se superposent aux bruits d'enfants de deux ans en train de réclamer leur tétine réalisés par le chanteur, il faut résister à l'impulsion subite de jeter le disque sous un tracteur avant d'en carboniser les fragments au chalumeaux pour avoir la paix.

Je parlais des chanteurs chialeurs de service... Il faut au moins imputer à "The Alan Parson Project" le mérite d'avoir quatre chanteurs différents, chacun capable de la même performance. Qui ne va d'ailleurs pas plus loin. Rien de notable à dire sur le batteur, sinon qu'il ne tente pas de se démarquer par des soli rapidement enchaînés... Le claviériste semble attaché à un jeu d'un bas niveau consistant en l'enchaînement de trois ou quatre accords aigus pendant tout le morceau. Bon, il faut préciser qu'il ne sert pas à grand chose, à part peut être donner un air un peu "disco" aux morceaux. Dire qu'il arrive à faire ça avec un simple piano... Mon dieu mon dieu mon dieu... On ignore ce qui a pu survenir dans l'esprit d'Alan Parson lors de la création de l'album, et même du groupe. Si nous nous aventurons dans le sombre royaume des hypothèses foireuses, l'on peut aisément concevoir la pensée suivante : "Je sais que les Floyd ont eu du succès. Grâce à mon talent de travail du son, je parviendrais seul au même résultat.". Bon, c'est peut être se balader un peu loin dans les confins de la psychologie de l'individu. Mais qu'il ait ou non eu de telles pensées, on ne voit pas trace des compétences qui lui ont tant servies chez Pink Floyd. Le son n'est pas travaillé pour deux clous, ce qui procure cette profonde déception. Lamentable, à éviter.

Note : *

Liste des morceaux :

1. Let's Talk About Me (4.22)

2. Separate Lives (4.42)

3. Days Are Numbers (The Traveller) (4.02)

4. Sooner Or Later (4.26)

5. Vulture Culture (5.21)

6. Hawkeye (3.48)

7. Somebody Out There (4.56)

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