mardi 24 février 2009

LOU REED : TAKE NO PRISONERS


Lou Reed? Les simples visiteurs de ce blog ne le connaîtront que pour ce magnifique et inaudible forfait expérimental proto-noise chroniqué jadis sur ce blog ("Metal Machine Music"). L'histoire s'était donc arrêtée en 1975. Il faut bien garder à l'esprit que nous sommes à New York, à l'époque où la ville connaît la première les assauts répétés du mouvement punk. Et pour une culture pas toujours réputée, à quelques exceptions près, pour son élitisme, la musique bruitiste n'est pas toujours très prisée dans les rangs du punk. Trop en avance sur son temps sans doute, Lou Reed décide de revenir à la musique. Il sort, en 1977, "Rock n' Roll Heart", salué comme un retour (enfin!) au rock, à l'occasion duquel Lou Reed renoue avec le succès et le sadomaschisme velvétien (bon, c'est sûr, y a moins malsain, mais dans le cas de Lou Reed, c'est plutôt un signe de bonne santé).

L'année suivante, c'est le live "Take No Prisoners" qui sort, interprété par un Lou Reed plus joyeusement sadique que jamais. A priori, la carte est alléchante: la pochette qui représente le Reed skinhead, comme au bon vieux temps de Rock'n roll Animal, et chauffé de bas résilles affriolants; la sortie, après Rock n' Roll Heart, d'un album mythique, "Street Hassle", qui offre un morceau-titre sublime avec cordes, et la collaboration presque incongrue de Bruce Springsteen; cerise sur le gâteau, pour tout fan de rock lambda (on a bien dit "lambda", hein...), ce live a la bénédiction de Mick Jagger, qui le voit comme le meilleur album en public jamais sorti. Que demande le peuple?

Bien plus, en vérité... Ce live est un ramassis de chansons allongées à l'extrême. Certes, les dialoues du maître avec le public ne sont pas des moins plaisants: il gratifie le public de cet apophtegme sur les rock-critics: "Imaginez bosser pendant une putain d'année, et tout ce que vous recevez, c'est un B+ d'un trou du cul du Village Voice?", comble de détails précieux sur la genèse de Walk On The Wild Side, insulte Springsteen avec ingratitude, fait toutes sorte de blagues...

Et la musique dans tout ça? Certes, passer 1h32 à entendre le Reed déblatérer ses maximes sur fond de chansons mythiques étirées comme des chewing-gums ne doit pas être déplaisant en live. Mais à écouter? S'amuser à entendre les musiciens s'accorder pendant toute la première face est-il un divertissement de quinquagénaire glaireux? Ou un moyen de vivre la frustration de ne pas y être? Mal choisi, mal chanté, mal joué, mal capté, mal mixé, ce live montre que le retour à la réalité de Lou Reed n'est pas encore terminé! Il serait cruel de dire que la poubelle sur la pochette parle d'elle-même, mais, au fond, le live est plus que dispensable. "Rock 'n' Roll Animal" ou encore "Lou Reed Live" passeront avant sur la liste des courses.

Note:**

Liste des pistes:

"Sweet Jane"
"I Wanna Be Black"
"Satellite of Love"
"Pale Blue Eyes"
"Berlin"
"I'm Waiting for the Man"
"Coney Island Baby"
"Street Hassle"
"Walk on the Wild Side"
"Leave Me Alone"

Du même artiste

Vous allez aimer:

-Transformer
-Berlin
-New York

A éviter:

-Lou Reed
-Sally Can't Dance
-Metal Machine Music

6 commentaires:

  1. Plus difficile d'accès, loin de l'évidence de Rock 'n roll animal de ses super guitaristes Hunter et Wagner et de l'enorme prod de Bob Ezrin, Take no Prisonner est un disque magique, une ambiance incroyable. La meilleure version de Berlin sans aucun doute mais tout les morceaux de l'album profitent du parti pris artistique. Dernier témoignage du junk. Dédaigné par bétise ou snobisme par les "vrais fans" de Lou Reed, il demeure au panthéon des albums injustement méconnus comme le Young Americans de Bowie ou le Welcome to my nightmare d'Alice Cooper

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  2. Ca se discute... Pour moi ce disque n'a pas lieu d'être. C'est le témoignage d'un concert qui certes devait être agréable, mais qui n'a pas grand intérêt musicalement parlant. D'un point de vue artistique, tout simplement, il n'y a pas vraiment d'innovations profitables au disque. De plus, Lou Reed est un musicien avec une certaine prétention qui l'amène à faire des trucs un peu expérimentaux en s'"inspirant" d'autres artistes qui ont vraiment creusé le sujet.

    Ensuite je serais ravi d'entendre d'autres arguments à ce sujet...

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  3. Pas vraiment d'avis sur ce disque pour moi vu que je ne suis pas un grand amateur de Lou Reed...

    Cela dis je te rejoint à 100 pour 100 sur Welcome To My Nightmare. C'est vraiment un excellent album.

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  4. Euh... Tu m'expliques pourquoi tu utilises mon compte ? Juste pour savoir... ???
    Pfff... Vive les mots de passe personnalisés^^

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  5. Gloups... T'a du te connecter chez moi et je me suis pas reconnecté depuis...

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  6. Ah putain, ça fait vraiment un bail que j'ai écrit cet article... Parce qu'en plus de ne pas être bête (du moins il paraît), de ne pas être (trop) snob, je ne suis plus, mais alors plus du tout, fan de Lou Reed. Punaise, ce qu'on peut changer en un an et demi... Du baby rockeur qui vénérait le rock'n'roll way of life et la junkie attitude, je suis devenu une espèce d'analyste chiant qui ne s'intéresse qu'à la "musique"! (argh!) Malgré tout je suis content de voir que, même à l'époque, j'avais quand même un semblant d'esprit critique en vomissant ce machin insipide et prétentieux (loureedien? Je n'ai pas de meilleur adjectif), que je ne saurais aujourd'hui qu'enfoncer davantage.

    Marrant de comparer Lou Reed à Bowie et Alice Cooper, puisque le fait est que ces artistes ont tout ce qui lui fait défaut: bosseurs, bons arrangeurs, mélodistes, songwriters... Moins "junkies désaxés trop top destroy motherfucker", mais musicalement, c'est bien.

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