lundi 19 avril 2010

CAMEL : MOONMADNESS


Camel. Un groupe chameuleux de rock progressif des années 1970 qui obéit à toutes les lois de ce genre musical : des instruments nébuleux mais pas trop psychédéliques quand même, un lourd penchant pour l'électronique - et donc pour les claviers, synthés et sons sucrés -, la plupart des morceaux font plus de cinq minutes, une structure très carrée de ces pistes qui comprennent de longs intermèdes musicaux... Le tout explique le succès relatif du groupe dans ses heures de gloire, avec notamment la sortie de Moonmadness, en 1976, un immanquable du genre.

La pochette même annonce la couleur de ce qui va venir. Un trait fin à la Roger Dean représente un paysage nébuleux et psychédélique tout en conservant des couleurs calmes, reposantes. Il est vrai que la musique de Camel n'est pas reconnue pour sa violence. La (très) grande majorité de leurs productions sont douces, parfois un peu pompeuses, et l'ensemble permet une détente facile. Car tout est détendu : les notes de clavier, légères et rapides, planent en accompagnement de la guitare et de la basse - tellement altérées par des pédales d'effet qu'on croirait presque entendre d'autres synthés. Même la batterie, instrument généralement assez frappant, semble voleter autour des autres sonorités (ce qui est peut-être du à l'état de lucidité du batteur en question...). Je ne parle même pas du/des chanteur(s) qui paraissent définitivement foutus en l'air par de bonnes doses de LSD, à moins que le micro ait lui aussi été l'objet de modifications, fait guère étonnant dans le milieu du rock progressif. En fait, on pourrait dire que leur musique est à l'image de leur sigle, le... chameau. Ah, non, pardon, le dromadaire : il n'a qu'une seule bosse. Leurs morceaux sont paisibles et, tout comme on a rarement pu observer la charge d'une horde de dromadaires furieux sur un prédateur inattendu, les mélodies de Camel sont très rarement effrénées et il st difficile d'y ressentir la moindre agressivité. De la vraie musique de drogués !

Les mélodies en questions sont gentiment bercées par le guitariste, flûtiste à ses heures perdues, par un orgue Hammond utilisé de façon très douce (ah! Il est loin le Tarkus rageur de Keith Emerson !) et par les voix, très éthérées, comme dit précédemment. Un vrai moment de repos nous est offert par ce groupe à l'aspect et à la musique tranquille, qui coupe toute envie de se mettre au Napalm Death juste après. Vous laisserez-vous tenter ? Ensuite, ils n'ont pas un talent absolument extraordinaire, ou ils ne l'exposent pas, mais les morceaux sont bien maîtrisés d'une façon assez carrée. Il y a cependant beaucoup de liberté prise dans la partie chant, ce qui ajoute au charme de Camel.

Pourquoi un titre tel que "Moonmadness" ? En vérité nos musiciens se plaisent à... l'astrologie. En particulier la lune, dont les deux cratères visibles à l'œil nu sont décrits (musicalement parlant) dans le premier morceau. Quel sujet nébuleux ! (oui, ce n'est pas la première fois que j'utilise cet adjectif, mais il caractérise assez bien Moonmadness, à la fois précis et flou). Quoi qu'il en soit, cet album est rassurant. Après une célébrité assez vite atteinte au début des années 1970, Camel a commencé à sortir des titres commerciaux. Pas spécialement mauvais, mais pas spécialement bons non plus. Il fallait faire de l'argent, et le groupe marchait plutôt bien. Puis ils ont clôt cette suite commerciale en 1975 avec "Music Inspired By The Snow Goose", qui se démarquait légèrement du lot, pour sortir Moonmadness, reconnu comme étant leur meilleur disque. Pas leur plus grand succès, mais leur meilleur disque, ce qui est rafraîchissant à penser.

Un album qui vaut le coup d'œil, donc, et qui se démarque des productions antécédentes de Camel. Une légèreté difficilement imitable et une douceur à toute épreuve caractérisent Moonmadness, et les sons finement produits sauront embarquer votre esprit dans un univers sucré et coloré, plein de cratères, de vaches et de lutins qui gambadent dans une forêt crépusculaire... L'effet standard que donne un album un peu psychédélique, quoi ! Une réussite qui fait honneur au groupe -dont l'aspect évoque une bande de hippies sympas- et qui peut aisément calmer vos oreilles prises à l'assaut de morceaux de Sepultura particulièrement violents (n'écoutez pas la musique trop fort, c'est pas bon pour vos tympans !).

Note : ****

Liste des morceaux :

1. Aristillus (1.56)

2. Song Within A Song (7.13)

3. Chord Change (6.43)

4. Spirite Of The Water (2.06)

5. Another Night (6.55)

6. Air Born (5.02)

7. Lunar Sea (9.07)

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