dimanche 11 avril 2010

MOTÖRHEAD : OVERKILL


Il existe trois façons de se suicider efficacement. 1. Ecouter Metal Machine Music en entier. 2. Se rendre à un concert de Sepultura avec les cheveux courts. 3. Dire en face de Lemy Kilmister qu'il a formé un putain de bon groupe d'heavy metal. Il est vrai que malgré la violence de Motorhead, on n'y retrouve pas l'aspect métallique caractéristique disons, d'Iron Maiden. C'est juste du rock... un chouya plus fort que le reste... Ce qui entraîne des discussions virulentes entre Lemy et les journalistes, qui doivent maneuvrer avec habileté pour rentrer entier chez eux... En tout cas, notre papy indestructible tient toujours la forme... Il y a 30 ans, en 1979, il est venu à bout de l'un de ses meilleurs albums, Overkill. Bon, c'est vrai que le nom est vraiment destroy et que la pochette fait plus que jamais penser à celle d'un groupe de Hard Black Metal (sisi, en cherchant bien ça doit exister...), mais il a réussi un véritable exploit avec celui là : quand on passe d'un morceau à l'autre, on n'a pas la sensation d'assister à un remake du premier et surtout, l'on se rend compte du changement. L'un des gros problèmes de Lemy est en effet la diversification des riffs de basse, de guitare ou de batterie. Il a fait abstraction de cette difficulté avec Overkill...

Bon, mais c'est pas pour ça qu'il faut mettre le son au maximum. Le disque reste quand même un gros album de riffs lourds et de voix gueulantes, donc un peu de pitié pour vos oreilles. L'album commence avec une batterie rageuse, qui prépare le terrain pour le reste, qui suivra avec la même douceur. Motorhead est un trio power, avec un batteur, un guitariste et un bassiste, Lemy Kilmister. Ce-dernier a fondé Motorhead après avoir quitté Hawkwind pour des raisons douteuses. En fait, on peut dire qu'il fait la même chose qu'avant -mais sans les synthés, et en un peu plus violent. On retrouve la même aggressivité instrumentale, et cette fois-ci il n'y a pas de bruits bizarres qui se superposent au morceau. C'est le petit détail qui renverra certains nostalgiques d'Hawkwind vers Jefferson Airplane, pour se droguer au LSD au lieu de se cantonner à la coke, le stimulant de bas étage que prenait ce traître de Lemy. Mais on ne le crie pas trop fort parce qu'il est quand même costaud pour son âge, sous son perfecto...

Après la batterie, donc, s'ajoutent naturellement la basse, la guitare et enfin la voix de camioneur bourré de Kilmister, qui réjouira un paquet de fans aux cheveux longs. Depuis les années 80, on avait la sensation d'écouter toujours le même morceau, avec toutefois des titres de taille ("Ace of Spade", par exemple) mais avec Overkill, on a enfin une impression de renouvellement. La structure des morceaux diffère -détail appréciable- et le plaisir renaît avec les sons toujours plus toniques dégagés par le trio. Ils poussent même juste qu'à faire durer un morceau plus de cinq minutes -Overkill. Mais ils ont pris peur, semble-t-il, pour en revenir à des durées plus standards, dans les deux minutes. Tout est bon pour oublier Hawkwind et sa face progressive vermoulue ! Les "mélodies" - ou plutôt riffs éléphantesques - sont entraînantes à souhait et, bien que la teneur des morceaux reste la même, on apprend pour la première fois à se laisser surprendre par Motorhead. La saturation des instruments n'empêche pas la compréhension des différentes mélodies, ce dont on peut leur être gré. Mais on sent une certaine fatigue dans la voix éraillée du bassiste, qui a, on le sent bien, des difficultés à se rendre dans les très aigus, ce qui, agréable surprise, provoque une relancée extrêmement tonique dans les plus graves. Enfin bon. Il est toujours en vie à l'heure où j'écris, il a sorti un nouvel album et il continue à faire des lives comme s'il avait vingt ans. Et il ne semble toujours pas prêt à casser sa pipe...

Quoi qu'il en soit sur son état de santé, Overkill rafraîchit nos tympans par sa nouveauté inattendue, et demeure assez tonique pour ravir ses fans. Que demander de plus ? Cependant, cet album n'est pas non plus parfait, et il souffre malgré tout d'une certaine répétitivité, bien qu'atténuée ici. Peut être devrait-il définitivement se lancer dans la musique minimaliste répétitive, à l'instar de Steve Reich. Qui sait ce qu'ils pourraient faire ensemble ? Seigneur... Revenons à la réalité. Ce disque restera dans les annales du groupe et il nous montre que les vieux groupes de rock n'ont pas tous traversé un période Kitsh qui aurait déteint le reste de leur carrière.

Note : ****

Liste des morceaux :

01- Overkill
02- Stay Clean
03- (I Won't) Pay Your Price
04- I'll Be Your Sister
05- Capricorn
06- No Class
07- Damage Case
08- Tear Ya Down
09- Metropolis
10- Limb From Limb

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