jeudi 19 mars 2009

NO AGE: NOUNS


Le Noise, ou musique bruitiste, est un paradoxe énorme: il a la puissance négligée et violente du punk, mais un côté expérimental et technique très complexe. Ce genre, au départ incompris pour le bruit vain qu'il engendrait, acquit ses lettres de noblesse vers le début des années 90 avec Sonic Youth dont des albums excellents et parfaitement accessibles comme Goo ont permis au genre de s'ouvrir à un public large. Sans doute en voyant leur succès récupéré par les jeunes fashion et leur simple nom devenir un logo aussi conventionnel que la langue des Rolling Stones, les membres de Sonic Youth retournèrent, encore sous les aplaudissements des critiques branchés, dans des expérimentations tortueuses dont la série des SYR, étranges et quasi-inaudibles, est un bon exemple. Mine de rien, il est vrai que le groupe a ouvert la voie à une version du Noise assagie et plus ouverte au vulgaire.

Le duo américain No Age s'en réclame. Formé en 2005 d'un invariablement guitariste et bassiste, et d'un batteur, il a sorti Nouns, son deuxième album, en 2008. C'est à partir de maintenant qu'il faut être méticuleux, en effet, on tient sans doute les fils de Sonic Youth dans nos mains, donc pas de gaffe! Bon, vus de loin, nos deux bruitistes sont très conventionnels: signés sur le mythique lable Sub Pop, végétaliens, ils portent comme tous leur choix politique et leur soutien actif à Barack Obama, donc, pas de danger. Vu de plus près, l'album est plus intrigant. L'ouverture, "Miner", est spectaculaire: mais dans cette explosion pour le moins abusive de guitares obèses, ce chant inaudible noyé sous les giclées acides des guitares désaccordées à la Thurston Moore, on se demande où le groupe veut réellement en venir. Il est bien plus crédible sur les singles "Eraser" et "Teen Creeps", où il montre une capacité à sortir les grosses guitares plus vite que son ombre, dans des breaks assez effarants. Mais, en outre, excepté sur les oniriques et assez recherchés "Keechie" et "Impossible Bouquet", le groupe sonne comme perdu dans la nature ("Things I Did When I Was Dead"), ou donne dans le plagiat douteux de Gang Of Four tournant au boeuf sans âme ("Here Should Be My Home").

Il aurait été bon pour ces excellents et très prometteurs techniciens de s'entourer de vrais musiciens, ou tout du moins de vrais songwriters, pour la réalisation de cet album. Quelques mélodies, par exemple, n'auraient pas été du luxe pour que ce groupe siège parmi les groupes géniaux au lieu de croupir dans la trop longue liste des groupes juste "intéressants".

Note: **

Liste des pistes:

Miner - 1:50
Eraser - 2:41
Teen Creeps - 3:25
Things I Did When I Was Dead - 2:27
Cappo - 2:42
Keechie - 3:27
Sleeper Hold - 2:26
Errand Boy - 2:41
Here Should Be My Home - 2:03
Impossible Bouquet - 2:09
Ripped Knees - 2:53
Brain Burner - 1:51

1 commentaire:

  1. Maintenant tu comprend ce que Faust en particulier et tout le mouvement Krautrock a apporté à la musique. (Si tu cherche à ecouter de l'experimentation pure et dure je te conseille fortement "Faust" (le disque éponyme) "Atem" de Tangerine Dream, et le tout premier Kraftwerk

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